Point du jour au mercredi
29 octobre 2003 (Paris)
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Anne combier, de l'agence
Hickory,
a pris le relais pour assurer les vacations téléphoniques.
Hélène André est actuellement
à Tahiti avec l'équipe qui prépare
l'arrivée de Raphaëla.
Raphaëla soutenue
en direct du PC Course par ROSELYNE BACHELOT Ministre de l’Ecologie
et du Développement Durable
Position mercredi 29 octobre
8h30 (heure Paris, 19h30 heure Papeete)
17°02 S et 147°08 Ouest
A 19H précise,
le téléphone dédié au PC Course
au CAPE (Radio France) sonne, c’est le silence. Madame
la ministre est installée devant le micro. Et soudain
comme par magie, la voix claire et précise de Raphaëla
résonne. D’entrée de jeu, Roselyne BACHELOT
commence alors avec Raphaëla un dialogue spontané.
RB : « Raphaëla,
vous rappelez vous de notre première rencontre ? »
RLG : « oui bien sûr c’était
il y a quelques mois avec Michel Poisson. Vous avez tout de
suite cru en mon projet et votre soutien m’a permis
de continuer a construire cette aventure avec d’autres
partenaires. Je vous en suis infiniment reconnaissante. RB :
c’est normal, on est très fier, surtout les femmes
car ce que vous êtes en train d’accomplir est
inouï, nous avons une admiration sans faille. »
RB : « Et
pendant votre navigation, avez vous eu le temps d'observer
votre environnement ? »
RLG : « oui mais pas beaucoup. J’ai
vu 2 barracudas quand j’étais dans l’eau
en train de nettoyer la planche. Sinon quelques dauphins et
surtout des dorades coryphènes mais d’une manière
générale je suis frappée par le peu d’activité
pendant la totalité de cette traversée. C’est
vraiment un grand désert. J’ai envie d’en
discuter dés que possible avec des chercheurs. Je sais
que j’ai déjà beaucoup de choses à
raconter à l’équipe d’IFREMER
qui est aussi notre partenaire ».
RB : « avez-vous
pu prendre des notes ? »
RLG : « oui j’écris
après les journées de navigation, je note tout
ce que j’ai pu observer, accrochée à mon
wishbone durant la journée. J’ai déjà
noté que j’ai identifié 18 espèces
d’oiseaux , j'ai aussi remarqué que l'océan Pacifique
est clair et propre, je n'ai jamais rencontré de plaque
de pétrole, et je n'ai croisé qu'une seule bouteille
en plastique. Il y a une vraie différence avec l'Atlantique".
RB : « Comment
vous sentez vous à quelques dizaines d’heures
de l’arrivée ? »
RLG : « A ce moment ce ne sont pas
des heures mais encore des jours qui m’attendent. Le
manque de vent provoque chez moi une frustration considérable.
Les conditions sont difficiles avec cette chaleur de plomb
et la fatigue qui s’est accumulée. Quand il n’y
a pas de vent c’est un supplice pour un planchiste.
Le plus dur c’est le mental maintenant à 170 milles
du but. Il faut tenir, et parfois je me sens un peu limite ».
RB : « je
suis sûre que vous allez y arriver, vous avez un mental
d’acier, vous n’êtes pas du genre à
lâcher et en plus le Président Gaston Flosse
vous prépare une arrivée mémorable, je
peux vous dire que vous vous en souviendrez longtemps ».
RLG : « je suis consciente de toutes les
personnes qui sont derrière cette aventure, cela donne
de la force. Vous savez j’ai pas mal réfléchi
et je me suis demandé si vous vous étiez posé
la question du lien réel qu’il peut y avoir entre
le Développement Durable et une traversée en
planche à voile en solitaire du Pacifique. En tout
cas j’ai une réponse à vous proposer.
Premièrement la dimension environnementale : dans
ce type de navigation, car il faut être en harmonie
avec la nature, en la respectant et en l’acceptant telle
qu’elle est.
Deuxièmement la dimension humaine : c’est
toute une équipe qui travaille en harmonie pour mettre
en place un projet de cette envergure. Nous travaillons dans
l’estime et la confiance, reconnaissant la valeur de
chacun.
Troisièmement : la dimension économique :
on ne peut négliger cet aspect pour que la réussite
soit assurée. Le financement d’un tel projet
ne peut se faire qu’avec l’aide d’entreprises
privées et éventuellement de partenaires institutionnels.
Partir sans avoir verrouillé cet aspect c’est
mettre tout l’équilibre de l’ensemble en
danger ».
Madame La ministre et tous les
auditeurs qui écoutent religieusement la navigatrice
restent sans voix quelques secondes devant tant de lucidité.
Et Roselyne Bachelot de déclarer : « Raphaëla,
je vais récupérer le bande son de ce que vous
venez de dire et maintenant si on me demande ce qu’est
le développement durable je proposerai votre définition ».
Le dialogue entre ces deux
personnalités de caractère continue pendant
plusieurs minutes, avec une vraie complicité réciproque
et Roselyne Bachelot avant les derniers encouragements, lui
promet dés son retour de l’inviter dans un bon
restaurant pour lui faire oublier les plats déshydratés
en particulier la paella et le poulet au curry que Raphaëla
ingurgite depuis plus de 15 jours, il ne lui reste plus
que ça.
Une arrivée plus
tard que prévue
Ce mercredi 29 octobre,
nous apprenions par Claire (une autre de ses sœur) que
Raphaela avait navigué toute la journée plus
de 8h d’affilé avec sa plus grande voile de 7m2.
Elle n’avait parcouru que 18 milles depuis
notre dernier échange la veille. Il n’y a pas
d’air sauf tôt le matin.
Dans ces conditions, la fin probable de cette aventure
devrait se situer dans la journée du samedi 1er novembre
(nuit du samedi au dimanche 2 pour la France). Raphaëla
avait un bon moral, malgré ce retard pris.
Il y a deux jours, elle prenait cette dernière partie
comme une punition, mais finalement philosophe, Raphaëla
accepte la situation et essaye de profiter de ces derniers
jours de solitude totale avant la rencontre avec réalité
de la terre.
Si le vent revient Raphaëla peut accélérer
et envisager une arrivée un jour plus tôt mais
pour le moment, il est bien difficile de faire des pronostiques.
nb de milles parcourus
depuis LIMA : 4294 milles (7952 km)
nb de milles restant jusqu'à Papeete : 150 milles environ
(277 km)
ETA Papeete : difficile à dire vendredi 31 octobre
ou samedi 1er novembre, seul les vents en décideront.
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Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
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