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Point du jour au vendredi
12 septembre 2003 (Paris)
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La pince à linge
du Pacifique
Position à 06h00 (Paris) : 9°
25 S / 109° 50 W
Raphaëla a compulsé toutes
ses notes sur les oiseaux depuis le début de la traversée.
M. Lesaffre, amateur éclairé d'ornithologie
a accepté de laisser sa classe pour l'écouter
parler des oiseaux d'une région totalement inexplorée
(on s'en serait douté) par les ornithologistes.
Raphaëla se lance alors dans une description de tous
les oiseaux qu'elle a croisés "j'en ai vu
un en particulier qui était très grand".
Oui, mais grand comment ?
M. Lesaffre comprend soudain l'étendue de l'ignorance
de Raphaëla et il essaie de lui inculquer les bons réflexes
d'observation.
"Tout d'abord Raphaëla il faut tout comparer
à un oiseau que vous connaissez bien, le goéland
argenté".
Silence éloquent dans le Pacifique (au PC aussi),
aïe ça commence mal…
"Mais si Raphaëla vous le connaissez très
bien cet oiseau, c'est la mouette, mais pas celle de Gaston
Lagaffe".
Ah oui, bien sûr.
"Oui, oui je vois maintenant. Eh bien cet oiseau
il est beaucoup plus grand qu'une mouette".
M. Lesaffre note, les informations sont précieuses,
personne n'est jamais allé se balader par là-bas
(quand on vous dit que c'est une première mondiale,
vous le croyez maintenant ?).
"Et puis il faut que vous essayez d'observer leur
comportement… est-ce qu'ils se posent sur l'eau, est-ce
qu'ils plongent pour attraper les poissons volants ?".
Nous réalisons soudain combien cette science est
délicate, faite de patientes observations, répétées
si possible, pas facile pour Raphaëla avec son agenda
de ministre… Mais nous progressons dans la connaissance,
Raphaëla a très probablement rencontré
des océanites.
M. Lesaffre me propose de préparer une feuille de route
pour l'observation, je pourrai ainsi orienter Raphaëla
dans sa manière de faire et de noter les observations,
toute une science…
M. Laurent Petit, attaché de
Presse Sports chez TF1, est de passage aussi au PC et s'inquiète
de ce que mange Raphaëla.
- "La dernière fois qu'on s'est vus c'est
à la conférence de presse le 4 juillet et nous
en avions parlé longuement".
- "Oui Laurent c'est vrai, mais le problème
c'est que j'ai plutôt mangé les trucs que je
préférais et maintenant il faut que je me tape
le reste….".
J'ai quelques messages par très marrants
à faire passer à Raphaëla avant la fin
de la vacation et Fred Léonard, directeur d'Hickory
est venu avec son sourire et son énergie lui faire
"une grosse bise", ça prépare un peu
le terrain.
"Bon Raphaëla, tu sais, les
anatifes… ce serait bien de penser à s'en occuper…".
Je sens le silence qui précède l'explosion,
je continue il faut qu'elle sache.
"Ben oui, parce que les vagues… euh !
eh bien les vagues elles vont un peu grossir bientôt…
bon pas trop tôt… à partir de lundi peut-être…
alors tu vois si tu peux t'en occuper avant dimanche…
ben ce serait bien, non ?".
Resilence.
"Tu essayes, aujourd'hui et demain il y a moins de
2,5 m de creux… donc peut-être…".
Intérieurement je suis verte mais ça ne doit
pas compter, j'insiste donc, doucement, patiemment….
Fin de la vacation….
Je le sens, je le sais : elle va le
faire. Aujourd'hui, oui j'en suis sûre aujourd'hui.
Eh bien, c'est gagné ! Ce matin (hier soir pour
Raphaëla) elle m'annonce la bonne nouvelle.
"Vous avez bien fait d'insister avec Guy, vous aviez
raison, j'ai plongé et j'ai fait le ménage".
Et heureusement qu'elle l'a fait parce qu'il y avait
des restes du précédent nettoyage, "des
poignées de 10 cm de long empilées les
unes sur les autres le long de l'axe de la barre. J'ai raclé
tout ça mais ça laisse des traces de ventouse,
et l'antifouling dégage au passage…".
C'est aussi ça la course contre la montre, vous
comprenez maintenant pourquoi Raphaëla râle autant
quand on lui dit de faire du Nord, elle pense à ces
bestioles qui profitent à fond du répit.
Il y avait 2 à 3 m de creux "mais pas
de clapot donc la planche ne claque pas sur l'eau, je me tiens
toujours de la main gauche sur la ligne de vie et je racle
de l'autre".
Toutes les théories sur l'accrochage des anatifes
sont à réviser, scientifiques à vos plumes,
toutes les surfaces leur conviennent, "la dérive
en était farcie et même un peu l'intérieur
du puits de dérive, en fait il était en train
de se bloquer gentiment".
C'est Guy qui avait raison il m'avait dit ça depuis
bien 10 jours…
"Et la prise d'eau du déssal. était complètement
bouchée", quand on dit que la nature a horreur
du vide, ça fait commun c'est sûr mais ça
a probablement un petit fond de vérité…
"Finalement je me suis rendue compte que le déssalinisateur
avait fonctionné à vide hier soir, j'ai vérifié
le bidon et il était vide".
Raphaëla sera bien la Jeanne d'Arc des océans,
qui devra bouter les anatifes hors de la planche… "D'ailleurs
chaque fois qu'il fera beau, j'irai faire un petit saut pour
vérifier tout ça", c'est mignon, non
comme tournure ?
"J'ai trouvé un bon système pour nettoyer
le trou d'arrivée d'eau, j'ai cassé une pince
à linge en deux, c'était parfait pour le grattage".
Garde-la bien Raphaëla, tu vas pas nous casser toutes
les pince à linge du bord à chaque opération,
hein ? Peut-on parler d'une application du transfert
de technologie ? Je pose la question aux spécialistes.
Le vent est retourné au Sud-Est et
Raphaëla fait du bâbord à fond la caisse,
jour et nuit.
Si on doit décaler les billets d'avion Arnaud va nous
faire une syncope !
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Vacation téléphonique
à Pénestin : Jutta, Léa, Janna,
Charlotte, Pierre (frère de Raphaëla), Marie-Claude,
Hélène, Claudine.
Crédit photos : François Vedeau
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