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Point du jour au jeudi
11 septembre 2003 (Paris)
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L'Eternel Retour
Position à 06h00 (Paris) : 9°
42 S / 108° 55 W
Du nord, toujours du Nord !
Raphaëla s'applique à remonter, tout en maugréant
bien entendu, vers l'objectif du 9°30 S.
Ensuite le programme préparé par Guy est simple
"tu mets le clignotant à gauche et tu reprends
ta route bâbord amure".
Vous voyez ça ne devrait plus tarder…
Raphaëla l'explique à M. Lelay
qui est venu hier nous faire une visite au PC avec Catherine
Tournier-Roy et Olivier Fisch :
"Ne plus aller à l'Ouest pour moi c'est symbolique,
mais je sais que Guy a raison de penser à ma sécurité".
Il doit boire du petit lait… C'est comme pour les anatifes,
il aura fallu 3 jours de négociations acharnées
pour la convaincre qu'on ne lui faisait par tracer une route
vers Hawaï…
Les négociations de Cancun, c'est du pipi de chat comparées
aux tractations que nous avons dû mener avec Raphaëla
, je vous le dis !
M. Lelay la rassure définitivement
je crois sur les problèmes de la caméra embarquée,
"une telle traversée sans quelques petits
soucis techniques ça n'existe pas, rassurez-vous nous
aurons toutes les images nécessaires. Parlez-moi plutôt
de vos abricots qui fermentent".
Raphaëla marque un temps d'arrêt, il serait
donc au courant de cette petite anecdote…
"Oui j'ai quelques gentilles cultures intéressantes
de diverses moisissures à bord, le pain par exemple
que je dois me dépêcher de manger".
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M. Patrick Lelay en visite au PC Course
Crédit photos : Odyssée du vent 2003
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A cet instant je sais que Raphaëla a temporairement
oublié sa colère contre la route du Nord et
c'est bien ainsi.
C'est à cela que servent ces conversations presque
badines qui la ramènent un temps sur notre Terre.
La tension diminue un peu, l'équipe peut s'accorder
quelques instants de pause.
Catherine Tournier-Roy interpelle Raphaëla, "vous
avez la houle et moi les embouteillages", encore
un petit détail (pour Raphaëla bien sûr,
pas pour nous qui bouffons notre dose de bitume quotidien)
qui la recolle à notre monde, merci.
Isabelle Fortis, notre éditrice chez
Glénat, fait son apparition au PC (tu te rends compte
Raphaëla elle a fait le déplacement depuis Grenoble…)
et ouvre immédiatement un salon littéraire,
interrogeant Raphaëla sur ses lectures :
- "tu n'as pas pris que des histoires de mer quand
même".
- "Non, non j'ai lu récemment un roman "Noces
Sauvages" et puis j'ai embarqué aussi un bon livre
prise de tête, tu sais le bouquin d'Adler… Celui-là
il devrait me tenir toute la traversée !".
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A gauche, Isabelle Fortis, responsable
de l'édition chez Glénat.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003 |
Et puis Raphaëla qui semble avoir oublié
d'où elle nous parle nous fait quelques envolées
lyriques sur le thème de l'immensité et de l'introspection,
"tout ça c'est faire le vide au fond de soi-même.
Mais c'est un travail qui se fait aussi dans la douleur, les
larmes, le stress et un profond sentiment de solitude".
Là je reconnais le mode de fonctionnement de Raphaëla.
Vous connaissez la théorie du verre à moitié
vide ou à moitié plein, eh bien pour Raphaëla,
je vous le donne en mille, il est TOUJOURS à moitié
vide. Et c'est à ce moment-là qu'il faut s'accrocher
pour qu'elle n'oublie pas l'autre moitié.
Exemple :
- "Raphaëla, tu ne le vois pas mais j'ai la
carte sous les yeux et si tu savais le nombre de punaises
qu'Arnaud a piquées c'est impressionnant".
- "Ben oui tu vois ça veut bien dire que je n'avance
pas !"
- "Mais non, pas du tout, ça montre l'immensité
du chemin que tu as parcouru".
Je m'en sors bien mais c'est tout juste, tout le monde rigole
au PC…
La fin de la vacation est plus délicate,
Raphaëla réclame les infos météo
et c'est moi qui m'y colle.
"Il faut continuer Raphaëla, la dépression
est toujours en bas".
Silence (au PC aussi)… Tout le monde a senti les
larmes dans sa voix. On vit la houle en direct et là
c'est le creux de la vague mais moi je sais que le sommet
n'est pas loin, j'ai confiance.
Ce matin (le soir pour Raphaëla) ça
va mieux, le ton est plus léger.
Pourtant il y a une mauvaise nouvelle : les anatifes
sont de retour, "je me suis bien rendue compte que
le bout orange derrière la planche est à nouveau
colonisé, j'ai encore un sursis de quelques jours mais
il va falloir retourner sous la planche".
Peut-être demain vendredi, la houle est prévue
à 2 m.
"J'ai fait mes calculs (le contraire m'aurait
étonnée), à ce rythme je vais me
taper 5 carénages d'ici l'arrivée".
Je suggère à nouveau la sangle mais c'est
le veto, "non ça ne sert à rien, je
m'épuise inutilement".
Une autre solution consisterait à se servir du
râteau-wishbone (*) et gratter en étant
debout dans la bulle.
"J'ai essayé à midi et ça n'a
pas raté, inondation dans la planche… J'ai pu
faire un petit barrage avec mon dos et c'est moi qui me suis
retrouvée trempée". Prions pour que
Neptune apaise un peu la houle…
(*) cf épisodes précédents.
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Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
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