Point du jour au mardi
26 août 2003 matin (Paris)
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Les envahisseurs
Position à 4H30 (Paris) : 11°32
S / 95°15
W
La
journée de navigation d'hier, qui se présentait
plutôt bien, a été plus difficile que
prévu. "Ce matin c'était l'horreur" m'a
lancé Raphaëla cette nuit.
Elle naviguait assise
arc-bouté sur sa voile, presque à la rue, "je
claquais des dents pendant la pause déjeuner". Il y avait encore des grains, beaucoup de mer, du vent.
Et passer 2 jours dans la planche, comme en convalescence, à la
différence de taille près que Raphaëla
ne dormait pas beaucoup, ça use le physique et la
reprise est d'autant plus dure.
"Je suis tombé
trois fois ce matin dont un fois en arrachant la plaquette
de support du pied de mât", il valait mieux,
remarque, sinon c'est la rupture du mât assurée.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle s'est retrouvé
à l'eau de constater que la planche était tapissée
d'anatifes, vous vous rappelez peut-être, ce sont les
mêmes bêbêtes que celles qui avaient empoisonné
sa traversée de l'Atlantique. A l'époque on
avait tous dit en cœur : "C'est normal
Raphaëla, avec la pétole que tu subis les anatifes
viennent élire domicile sur ta planche qui se comporte
comme un dispositif de concentration de poissons – c'est-à-dire,
en langage clair, un truc qui flotte à la vitesse du
courant". Mais ce coup-ci, macache ! Ca ne
marche plus ce genre de discours.
Et le pauvre Guy qui a passé des journées le
nez dans un nouvel anti-fouling miraculeux à repeindre
la planche suspendue dans le hangar de Pénestin, peine
perdue. Sa réaction a été simple :
"Merde !".
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Anatife. |
Raphaëla va devoir
passer la sangle prévue
pour ce type de nettoyage sous la planche plusieurs fois
par semaine, ce n'était pas vraiment prévu
au programme. Et le nettoyage du gouvernail ça va être
du sport parce qu'il n'y a pas d'autre solution que de
se mettre à l'eau pour enlever ces bestioles sur
toute sa longueur…
Elle est assez inquiète
car il reste beaucoup de navigation à faire dans
des eaux chaudes, les préférées des
anatifes…
Et le bout orange de sécurité qui suit fidèlement
la planche depuis Lima est entièrement colonisé,
d'ailleurs il n'est plus orange, il est gris-marron…
Heureusement l'après-midi
a été plus
clémente avec un assez large soleil et Raphaëla
a pu se réchauffer un peu jusqu'à ce que
les nuages noirs reviennent – comme toujours – en
fin de journée. Sa consolation a été de
voir un magnifique arc-en-ciel.
Raphaëla en a profité aussi
pour essayer de faire sécher ses vêtements
qui dégagent
une délicieuse odeur de "mal séché" dans
un espace confiné, le bonheur !
Le soir elle
a installé sa
polaire rouge Bermudes en haut du demi-mât en espérant
qu'elle sèche un peu pendant la nuit.
Pas de bol
il se met à pleuvoir pendant la vacation.
" Et
puis en fin de journée je suis allée dans
le panneau avant pour éponger l'eau qui stagne depuis
ce week-end". Au dernier coup d'écope une vague
malicieuse qui guettait LE moment se précipite dans
le coffre avant. "Je ne suis même pas en colère,
juste résignée".
Quant à la bouffe,
les cacahuètes ne font
plus l'effet du début de la traversée, "je
mange de plus en plus de trucs sucrés par petites
quantités". Maintenant elle a jeté son
dévolu sur le riz "j'en mange une fois
tous les 2 jours, à toutes les sauces mais
mon réel
plaisir de bouffe en ce moment c'est les biscuits "Shortbread",
je trouve ça absolument génial".
Tu
parles, c'est bien un truc de Breton ça, avec beurre
majoritaire dans la composition, plus fort que le Kouign-Aman,
vous imaginez !
La planche est en petite
dérive pour la nuit et
Raphaëla pense qu'elle devrait passer une bonne nuit.
Elle en a besoin pour retrouver l'énergie d'affronter
une nouvelle journée. De toute façon quand
Raphaëla n'arrive pas à dormir rien ne va.
Et pourtant c'est la première personne que nous
ayons rencontrée capable de s'endormir d'un coup
et dans n'importe quelle position ! Plus fort encore
que Gaston Lagaffe ! C'est l'une de ses forces.
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