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Point du jour au samedi
23 août 2003
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Pas d'essuie-glace
sur les lunettes
Position à 15H15 (Paris) : 11°24
S / 92°45
W
Depuis plus de 48H maintenant Raphaëla tâche
de naviguer et d’avancer dans de la grosse mer agitée
par des grains incessants dans lesquels le vent monte à 30-35
nœuds avec de la pluie en cadeau.
Avant-hier matin le ciel était
encore peu encourageant, vous comprenez le choix de la surface
de voile est un moment
stratégique de la journée, il faut toujours
prier pour que la surface choisie convienne tout au long
de la journée !
Et justement hier matin, après
une observation minutieuse de l’état de la
mer et du ciel, elle a gréé sa 6,7 m².
Mais
c’était trop grand, donc je vous laisse
imaginer la suite de la procédure, il faut dégréer,
ranger la voile, en prendre une autre (la 5,7 m²) et
gréer à nouveau dans un mer qui ne vous laisse
guère de répit.
Mais là encore c’était
trop grand.
Il était midi ou 13H elle a bâché et
elle a mis la planche en dérive.
Quand la mer ne
vous invite pas à naviguer il ne faut pas lui forcer
la vague, il faut savoir être patient (qualité que
Raphaëla travaille quotidiennement…) et se résigner à attendre
le petit signe qui vous fait comprendre que c’est
le moment, qu’une fenêtre s’ouvre.
Parce
qu’il ne faut pas oublier ce que c’est que naviguer
avec 550 kg sous les pieds, cela signifie qu’à chaque
risée la planche réagit avec un temps de retard
du fait de son inertie.
Et en attendant c’est le corps
qui encaisse tout et « qui se fait arracher »,
il faut y résister, c’est très dur physiquement,
il faut décrocher le harnais dare-dare sous peine
de se faire éjecter…
«
Et en plus vous
comprenez, je n’ai pas d’essuie-glace sur mes
lunettes, sous la pluie je ne vois plus rien ! ».
Elle s’est donc calfeutrée
dans son petit nid mais il commence à y faire chaud
dans le petit nid, surtout dans la journée, alors
elle a entrouvert la bulle pour tenter d’évacuer
l’humidité.
La vague suivante a dû guetter
le bon moment, voilà j’y
vais, et hop inondation dans la planche…
Passer l’éponge
ensuite, tenter d’enlever les traces de buée
partout, Raphaëla reste sereine, elle connaît ça,
ce n’est pas la première fois, elle a joué et
elle a perdu, « c’est pas grave, on
continue ».
Finalement il a plu toute la
journée par grains,
là non plus le ciel ne l’a pas invitée à faire
sécher son duvet et ses vêtements, on verra
plus tard.
La journée du 22 se présente
mal ; le ciel est menaçant et Raphaëla
est sombre.
Je lui dis d’attendre, d’observer,
de laisser aller la planche qui dérive à fond
la caisse (3,5 nœuds). Et puis vers 10H30 les
nuages noirs s’éloignent,
c’est grand soleil et vent de 20 nœuds,
il est là le signe, maintenant.
Raphaëla grée
et finalement se fera plaisir à naviguer avec sa
5,7 m² jusqu’à 16H où les grains
recommencent à se manifester.
De toute façon
c’est l’heure du goûter, alors elle range
et se prépare un thé, biscuits. « Et
puis je prends régulièrement l’elixir
d’Annie (une amie de Pénestin) ça
me fait du bien », c’est de la fleur
de Bach très
recommandée dans les moments de stress.
Il y a eu
une grosse houle toute la journée, « c’est
pas mal en fait, parce que lorsque je suis en haut de la
vague, je domine la situation, j’ai un point de vue
imprenable ! ». Vous voyez Raphaëla sait sourire
aussi…
La nuit dernière a encore été assez
agitée, la planche s’est couchée sous
l’effet d’une déferlante, mais il y avait
l’ange-gardien, le flotteur orange en haut du demi
mât, qui s’est chargé de rétablir
la situation. Raphaëla était contente parce
que les objets n’ont pas trop bougé dans la
planche...
Au moment de la vacation Raphaëla
revenait juste du poste avant, « il faut bien
que j’y
aille de temps en temps », et là elle
a eu droit à une
douche gratuite, heureusement que l’eau est presque à 23° C.
Maintenant,
mais la veste de quart est détrempée, « encore
un truc à essayer de faire sécher »… Nous
exhortons encore Raphaëla à attendre à faire
le dos rond en laissant passer les grains. Elle dérive
encore à 2,4 nœuds. Sa sœur Claire attaque
en direct une séance de relaxation, c’est une
spécialiste, Raphaëla écoute attentivement,
elle apprend à contrôler sa respiration.
Elle a résolu le problème
du petit pipi la nuit, vous vous souvenez ? Un pot
de cacahuètes
vide fait très bien l’affaire, et elle n’a
pas encore perdu son couvercle.
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