Point du jour au jeudi 21 août 2003

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Scoop en direct du Pacifique :
la navigation assise

Position à 15H10 (Paris) : 11°15 S / 90°31 W

Imaginez que vous êtes en train de faire de la planche à voile dans la baie de Pont-Mahé, le spot de prédilection de Raphaëla, et que vous vous trouviez dans une bonne risée…
Réflexe, on se penche en arrière pour donner de l'angle à la voile par rapport au vent et pour contrebalancer la risée.
Raphaëla a longuement réfléchi à cette question, elle a tout le temps de réfléchir quand elle a les deux mains sur son wishbone et les yeux rivés sur la vague qui arrive.
Et bien sur sa planche où ses pieds ne sont plus au niveau de la surface de l'eau mais à 50 cm au-dessus, pour avoir le même angle par rapport au vent la meilleure position c'est d'être assise, avec le pied gauche sur la barre et le pied droit dans un footstrap.
" C'est une technique plus efficace pour tenir le cap, moins dangereuse et moins fatigante" nous a-t-elle dit.
De plus, elle peut allonger l'une après l'autre ses jambes pour se décontracter en cours de navigation. "Ma planche se prête bien mieux que celle de Stéphane Peyron que j'avais sur l'Atlantique pour ce type de navigation".

Reste une question importante qui n'est pas encore résolue c'est le confort du muscle fessier qui est en contact direct avec le carbone réputé pour sa souplesse…
" Je réfléchis, je réfléchis tous les jours à la manière de naviguer la plus confortable", elle a raison elle n'arrive pas demain matin.

La température de l'eau frise les 22°C et Raphaëla commence à en ressentir les effets, il fait moins froid dans la planche et "ça commence à dégouliner", même si le soleil continue de se faire désirer.
Alors en attendant elle lit un pavé qui s'intitule "Voyages en Polynésie" où elle apprend que le héros est parti de Callao pour parvenir aux Marquises au terme d'un voyage de 80 jours, intéressant…
Elle y apprend que c'est Magellan qui a donné son nom au Pacifique (il a navigué sur une étendue d'eau "infinie et très calme") et que des tas de navigateurs se sont baladés dans les îles du Pacifique au XVIIè siècle sans jamais aborder Tahiti qui n'a été découverte qu'au siècle suivant.

La nuit dernière a été paisible, elle en a de la chance, et elle a dormi d'une traite après une journée de vent à force 4 et plus dans les grains sous les nuages.
Et puis il faut qu'elle s'habitue à la mer plus forte, gréer et dégréer sa voile devient un exercice un peu plus compliqué et surtout elle n'a aucune envie de tomber à l'eau.

Elle surveille l'arrivée des dorades coryphènes et ça je peux vous dire que c'est le meilleur médicament qu'on ait trouvé aujourd'hui pour soigner le vague à l'âme des marins qui se demandent - comme à chaque fois - pourquoi ils ne sont pas vautrés sur le canapé à regarder le championnat du monde d'athlétisme dans la chaleur bien terrestre d'un été torride qui n'en finit plus.

Et puis elle a le rêve des enfants qui frisent les 12 mois : se tenir debout et marcher, déambuler quoi ! Parce que la vie couchée, rampante, assise ou à genoux ça limite un peu l'horizon voyez-vous…

Et elle a conclu sur une phrase qui a réchauffé le cœur du PC de la Maison de la Radio suspendu à sa petite voix dans une mer de grésillements : "J'ai eu de bons moments de navigation depuis le départ", on ne l'avait pas encore entendu, "j'ai du plaisir à voir que mon flotteur passe bien les vagues", on rêve quoi !

"Est-ce que c'est formidable ?", elle s'interroge quand-même, le temps se suspend…. "Et bien oui, je peux le dire c'est formidable !". On en aurait presque pleuré…