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Point du jour au vendredi 25 juillet 2003

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C’est le Pérou !

C’est vrai, ça fait deux jours qu’on ne vous a pas donné de nouvelles… Mais l’incroyable hallucination de voir la planche sous nous yeux le matin en buvant le café nous a laissé sur un petit nuage pendant 48H00.

Donc, reprenons. Raphaëla et Guy n’ont pas chômé dès mardi après-midi : révision de l’ensemble des procédures de sécurité sur la planche, annotations au feutre rouge sur les documents plastifiés pour traduire le langage « saillardesque » en français des familles… Imaginez-vous que l’expression internationale, officielle, maritime, bricolesque « visser à gauche » signifie visser en tournant vers la droite !
Donc traduction obligatoire, vous en conviendrez…

Mais le nuage s’est quelque peu assombri mardi soir. La question de la sortie de la planche de territoire péruvien est réglée. En revanche pour la sortie exotique de Raphaëla tout est à définir.
Coup de stress, tout le monde s’engueule, le resto est annulé, ce sera des nouilles mais on ne sait pas encore à quelle heure…

Mercredi matin Gabriella et moi avons pris rendez-vous avec notre fidèle chauffeur de taxi pour qu’il nous conduise au Ministère de l’Intérieur, Direction des Migrations pour expliquer que Raphaëla était entrée au Pérou par la terre et allait en ressortir par la mer.
Que faire ? Qui allait apposer le tampon de sortie sur son passeport ? Et où la procédure devra se faire ? Que de soucis pour les péruviens et surtout pour nous !

L’ambiance de l’entrée du Ministère ressemble au matin de la criée le jour d’un retour de pêche fructueux, on nous propose de faire l’intermédiation avec les fonctionnaires moyennant quelques « soles » (la monnaie péruvienne), tout le monde crie, on entend difficilement les explications du vigile qui nous indique la route à suivre pour atteindre le service des migrations.

Après quelques bureaux et quelques sièges où l’on nous invite systématiquement à nous asseoir, nous finissons par nous asseoir en face de l’adjoint du directeur des migrations. Gabriella attaque un refrain qu’elle connaît maintenant sur le bout des doigts : une traversée seule (seule ?) jusqu’à Tahiti (allez, arrêtez de nous faire marcher) en planche à voile (ben voyons)…
Nous exhibons les articles des quotidiens péruviens, de l’AFP et notre interlocuteur nous parle de Thor Heyerdahl et de son Kon Tiki, c’est la première fois qu’un péruvien nous en parle, c’est peut-être bon signe pour la suite des événements. L’un de ses collègues se joint à la conversation, conversation dans laquelle Gabriella essaie de grappiller quelques informations concrètes pour le sujet qui nous intéresse.

Après une bonne heure de conversations et autres échanges d’informations , il y a quand-même quelques dizaines de personnes qui attendent dans le couloir, nous voilà parties une nouvelle fois pour le fin fond de Callao à trente bons kilomètres du centre de Lima pour rencontrer un autre responsable des migrations sur le port.
Chance, il est là ! Il commence par nous dire que toutes les embarcations qui quittent Lima doivent partir du port de Callao, bien entendu. Pas question de partir du club de Regatas… Mais, comme nous l’a expliqué le « chiffreur » de l’Ambassade de France qui connaît bien l’Amérique de Sud, un NON n’est jamais définitif au Pérou.
Finalement nous convenons de nous revoir la veille de départ avec le passeport de Raphaëla pour qu’il appose son tampon et, hop ça roule…

Parfait, on rentre au club en trombe, l’heure du buffet approche et les autres doivent commencer à se poser des questions.

Il ne reste plus qu’à régler la question de l’accompagnement en bateau pour la première nuit de la traversée de Raphaëla.
C’est mal connaître le Pérou que de désespérer. Grâce à Reynald qui travaille à l’Ambassade de France et qui navigue avec les péruviens, nous accédons à son réseau de relations et nous avons rencontré aujourd’hui le directeur de l’association de voile océanique du Pérou qui nous propose son voilier de 46pieds en carbone.
Guy, surexcité, et Gaby repartent à Callao (décidément c’est là-bas que tout se passe), pour visiter l’engin. Guy s’y voit déjà, et vous ? On croit rêver, c’est probablement ça le Pérou !

Du coup nous envisageons la possibilité d’avoir carrément deux bateaux pour l’accompagnement, car nous avons un autre rendez-vous demain. L’un pour la première nuit et l’autre qui ferait la navigation simplement le jour du départ, parce que les amateurs ne manquent pas autour de nous.

Pendant ce temps, entre deux procédures de sécurité, Raphaëla fait ses longueurs dans la piscine olympique ou va ramer sous le bâtiment des cuisines, donne des interviews aux quotidiens péruviens (El Comercio, Péru 21), aux radios argentines (Cadena 3). Et Guy ne cesse d’améliorer son espagnol avec les curieux qui cherchent l’emplacement du moteur sur la planche.

Entraînement

Raphaëla à la rame à côté des vraies rames.
Photo Odyssée du vent 2003

L’histoire du jour quand-même : un Péruvien qui pérorait devant la planche depuis 5 bonnes minutes, m’a demandé comment une femme allait pouvoir tenir 80 jours sans parler.
Je lui ai répondu que Raphaëla avait déjà tenu 60 jours comme ça, alors 20 de plus… Ca l’a séché !

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