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Point du jour au samedi
25 octobre 2003 (Paris)
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Anne combier, de l'agence
Hickory,
a pris le relais pour assurer les vacations téléphoniques.
Hélène André est actuellement
sur le catamaran
qui guide Raphaëla à travers les récifs.
Le
passage des Tuamotu sous la protection
de la solidarité fraternelle
Position samedi 25 octobre à 8h30
(heure Paris, 20h30 heure Papeete)
16°23 S et 144°58 O
Hier soir
vendredi 24, alors que nous attendions avec impatience
au PC Course l’appel
de Raphaela, quelle fut pas notre surprise d’entendre
une voix d’homme : celle d’Anne
Henri Le Gouvello, le frère aîné de
Raphaela : « Raphaela a décidé de
suspendre cette vacation car elle doit se mettre à naviguer
au plus tôt pour assurer le passage de la passe de
RARAKA et KATIU. Sa dérive de nuit a été agitée,
et sa planche n’a pas dérivé dans le
sens que l’on attendait. ”
Il nous confirme pendant que Guy Saillard est à la
barre du catamaran (avec bottes et ciré) et qu’elle
s’est
rapprochée dangereusement de RARAKA, il faut qu’elle
avance dès maintenant pour pouvoir passer de l’autre côté des
deux îles avant la nuit. En plus le temps est toujours exécrable,
avec pluie, grains et vent fort entre 17 et 22 nœuds. Heureusement
il souffle dans le bon sens, ce qui va permettre à Raphaela
de faire de la route.
D’après Anne Henri le
Gouvello, depuis 3 jours, le catamaran reste en veille
24h sur 24h à caboter voire a dériver à moins
de 2 nœuds, dans des nuits noires, une houle
hachée de plus de 2m de creux.
« Ici c’est pas le « Pérou »,
comme vous pouvez le supposer. Il fait froid, et je pense à ce
qu’endure Raphaëla en ce moment. Mais ce n’est plus
qu’une question de 24h maximum. Le mauvais temps est vraiment
accroché à l’archipel des Tuamotu, dès que
les deux passes seront traversées, d’ici samedi soir (heure
Tahiti), Raphaëla sera en eau libre et va retrouver les alizés
et le soleil jusqu’à Papeete ».
Au PC course, il y avait un des autres frères de Raphaela,
(ils sont 5 garçons et 5 filles) Pierre, qui a profité de
l’occasion pour le plaindre : « ici
on pense bien à vous sur le catamaran, sous vos grains, on vous
soutient car nous on est pas si mal dans les embouteillages sous la
pluie avec 5° de température. »
Gros rire d’Anne Henri qui accepte la moquerie avec beaucoup d’humour.
A la fin de la vacation, rendez-vous téléphonique est pris pour
le lendemain. Raphaela appellera son frère Eric.
1ère
terre en vue, un palmier au milieu de nulle part
Ce matin samedi
c’est au tour
d’Eric Le Gouvello de faire « sa vacation
familiale » : " Au
moment où nous nous parlions, Raphaela était
par 16°23 S et 144°58 O, avec un vent
SE assez soutenu de 15 à 25 nœuds. D’après
Raphaëla la journée s'est bien passée
avec 7h de navigation au près, ce qui fait qu'elle
est un peu crevée, "cassée"; la
nuit de repos est bienvenue. Cette journée a été délicate
sur le plan de la navigation car, ayant dérivé précédemment
un peu trop vers l'Ouest, il a fallu revenir vers le sud.
Raphaela a "léché" la pointe sud de l'atoll Raraka,
elle a donc vu sa première terre depuis Lima, un cocotier au milieu
de l'eau en devinant les coraux tout autour mais qu'elle n'a pas vus. Vigilance
et adrénaline. La mer est hachée, clapoteuse, de face ou de travers,
avec des creux de 2m.
Elle est donc sortie de cette première passe, difficile. La seconde
sera pour demain et elle prévoit de sortir des Tuamotu demain soir.
Cette nuit (la journée pour nous), dérive sous surveillance,
probablement un peu trop ouest mais dans le bon sens quand même.
La pluie l'a accompagné toute la journée, par intermittence;
au moment de la vacation il ne pleuvait pas.
Histoire du jour : un des bouts qui traînent derrière pour
la sécurité s'est enroulé dans le safran et donc Raphaela
a dû plonger de nouveau pour résoudre ce problème. Plonger
devient un geste habituel.
Elle est très heureuse de la présence rassurante du catamaran,
qui s'est fait une petite pêche-chasse au poisson sous un grand vol d'oiseau,
malheureusement sans prise.
Nous avons parlé un peu de l'Océan, de son état, et du
Développement Durable. Ce qui la surprend le plus c'est ce côté désertique
de cette partie du Pacifique, avec très peu de faune, aucune trace d'hydrocarbure
et une seule bouteille en plastique depuis 80 jours.
Sa traversée s'inscrit, selon ses propres termes, dans
les trois dimensions du développement durable, l'environnement
avec l'obligation d'être à l'écoute de la mer, l'aventure
humaine avec le travail d'une équipe solidaire et l'aspect économique
avec l'obligation de boucler un budget équilibré.
Les oiseaux sont revenus, mais la mer reste encore peu fréquentée,
malgré le passage proche d'un cachalot que le catamaran lui a signalé.
Elle va bien, elle avait une bonne voix. "
Demain Dimanche ce
sera autour d'un autre frère, Tanguy Le Gouvello d'écouter Raphaela.
Le principal objectif pour Raphaela étant de passer
la deuxième passe, dernier point difficile avant la
pleine mer et la dernière ligne droite sur Papeete.
nb de milles parcourus depuis LIMA
: 4156 milles (7696 km)
nb de milles restant jusqu'à Papeete : 298 milles environ (551 km)
ETA Papeete : nuit du jeudi 30
octobre heure de Paris
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Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
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