Point du jour au lundi
6 octobre 2003 (Paris)
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La menace de l'amidonnage
Position à 5H30 (Paris) : 10°
44 S / 128° 32 W
Petit temps, petit vent, Raphaëla progresse
péniblement, mais enfin elle progresse.
La porte vers Tahiti semble encore un peu étroite mais
Guy confirme : "Au 129° W , bâbord
amure toute, cap au 240 et en avant".
La météo sur Tahiti s'est bien dégradée
ces dernières 48H : "Vent de 25 nœuds
d'ouest et pluie, c'est inhabituel" m'annonce Guy,
"et puis hier j'ai fini par succomber au décalage
horaire, j'étais mort, à 20H j'étais
au lit".
Samedi après-midi nous étions
au Service de Rééducation Fonctionnelle de l'hôpital
de St Nazaire pour retrouver l'association EPONA.
Il y avait bien 25 personnes réunies dans la salle
de repos pour la vacation avec Raphaëla.
Hélène Chevreuil (médecin nutritionniste
de Raphaëla) et Jean-Claude Belot (son kinésithérapeute)
étaient avec nous.
J'ai vu le nom de notre site internet écrit en gros
à côté de l'ordinateur, les points du
jour et les communiqués de presse tapissaient les murs.
Le petit Pierre se lance, "alors Raphaëla la
planche, ça boume ?".
C'est le grand silence dans la salle pour tâcher d'entendre
Raphaëla, on a coupé le match de foot à
la télé…
Hélène Chevreuil fait un petit
bilan nutritionnel mais Raphaëla la rassure "Ecoute,
je crois que j'ai pris 1 ou 2 kilos". Si ça
c'est vrai on pourra décerner à Hélène
la médaille de la Mission Impossible ! Jean-Claude
Belot aura certainement un peu de pain sur la planche au retour
de Raphaëla :
- "J'ai 36000 points douloureux alors pour les
MTD le soir, je ne sais pas par où commencer".
- "Ecoute, tu choisis un point au hasard et tu fais tourner".
Vous noterez au passage que les MTP (massages transversaux
profonds) sont devenus les MTD (massages très douloureux)
dans la bouche de Raphaëla…
- "Raphaëla je te suggère un bon mouvement
d'étirement. C'est le geste de la fermeture du soutien-gorge,
tu vois ?". Elle rigole.
Dimanche matin la conversation dérape,
Raphaëla veut savoir ce qu'on a mangé la veille
au soir. J'hésite un instant et puis je me lance :
- "Eh bien, on a commencé par des noix de
St-Jacques revenues à la poële dans un peu d'ail.
Et puis, ensuite, lotte sur lit de poireaux accompagnée
d'un petit vin et …."
C'en est trop, elle craque.
- "Ecoute il faut qu'on arrête de parler de
bouffe, là !".
Je l'entends presque saliver. Je vous jure que ce n'est
pas moi qui ai commencé…
Dans ces petites journées de navigation
la douleur est difficile à contenir dans les coudes,
les épaules. Jaime, notre ami chilien, compare la traversée
à la construction de sa maison :
- "Moi aussi j'ai mal partout, je ne peux plus planter
un clou en hauteur. Mais elle sera finie quand tu reviendras.
On fera une fête".
- "Ben moi c'est pareil quand je carène ma planche.
Même quand je tiens le téléphone, j'ai
mal au coude… Mais dis-donc, Jaime, tu veux que je fasse
une autre traversée pour te laisser le temps de finir
ta maison ?".
- "Non, non mais enfin si tu prends un rond-point sur
ta route tu fais un tour, ça me laissera un peu plus
de temps".
- "Mais moi je veux bien manger dans les gravats !
Avec un petit pisco…".
Raphaëla a encore fait un carénage
de sa planche hier à midi :
"J'ai pris mon courage à 2 mains, j'ai
mis ma combinaison et j'ai fait au plus vite. Il y en avait
partout, des pieds de 2 cm…".
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Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
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