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Point du jour au samedi
4 octobre 2003 (Paris)
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La longue route
Position à 7H00 (Paris) : 10°
25 S / 127° 03 W
Christine Janin est avec nous au PC vendredi
après-midi, elle est porteuse de bonnes nouvelles et
d’ondes positives.
- « Raphaëla, le soir il faut que tu regardes
la lune, ce sera ta compagne de route dans les semaines qui
viennent. Et puis savoure tous ces moments, dis-toi bien que
dans un mois tout ça sera fini, tu vas retrouver l’agitation
parisienne et tu regretteras presque d’avoir laissé
tout ça derrière toi. Moi je voudrais bien être
à ta place en ce moment (encore une…) ».
Raphaëla est plutôt en forme et sa voix est souriante,
je l’ai entendu dès le premier Allo.
- « Oui, c’est vrai tu as raison, mais
bon pour le moment la route est barrée, je n’ai
pas encore l’autorisation de mettre le nez de la planche
dans la direction de Tahiti. Alors tu viens sur le cata à
ma rencontre ? »
- « Ben c’est-à-dire, comme tu as
reculé, du coup il y a peut-être une fenêtre
pour moi, je vais voir ».
- « La lune je la vois bien en ce moment, elle
éclaire tout la nuit ».
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Christine Janin est venue soutenir
le moral de Raphaëla.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003 |
Je saute sur l’occasion : « une
petite navigation de nuit en perspective, souviens-toi sur
l’Atlantique tu ne l’avais pas fait et tu l’avais
un peu regretté ».
Elle en parlé avec Guy, le sujet est à l’étude.
« Une navigation la nuit au milieu des Tuamotu,
ça se réfléchit. »
C’est toujours mieux que le métro à 10H
du soir dans les néons souterrains…
Le ton est badin, c’est presque conversation
de salon, en plus le son était parfait hier après-midi.
Arnaud a l’explication : « Elle
est cachée dans le placard à côté,
on va vous la sortir tout à l’heure ».
La vie à bord est bien minutée, « je
fais ma petite lessive en chantant à tue-tête,
de toute façon personne ne m’entend si je chante
faux. Ca ne sent pas très bon dans la planche mais
c’est pas grave ça ne dérange que moi… ».
Edith et Corinne, des amies, ont raccourci
un peu leur journée pour nous rejoindre, « Raphaëla,
ne mets pas trop de gras pour masser tes pieds, tu vas glisser
sur ta planche ».
Corinne explique à Raphaëla que « Bon
je me suis dépêchée de venir au PC, parce
qu’il y a la télé, alors bon je ne veux
pas rater ça ».
Raphaëla rigole.
« Tu sais ce PC c’est le dernier salon
où l’on cause, il faut venir s’y montrer ! ».
Le moral semble décidément au beau fixe…
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Edith, une amie, Christine Janin. La montagne et l'escalade viennent
soutenir les marins.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003
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Corinne, fidèle des traversées
de Raphaëla, Claire, soeur de Raphaëla, Hélène.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003
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Et pourtant la journée qui a suivi
a été difficile, « le vent a
tourné au Sud Ouest, il y a eu des grains tout l’après-midi.
J’ai tenu ma voile à bout de bras en pleurant.
Je me sens nulle ».
Il est 7H du matin à Pénestin et je m’assieds
sur le lit « Ecoute Raphaëla tu viens
de me dire que la dérive est dans le bon sens je ne
veux pas que tu sois triste. J’ai encore une pile de
messages pour toi (et aussi pour nous…) ».
Elle les écoute attentivement, encore l’exercice
périlleux de funambulisme, je n’ai plus sommeil
du tout…
Il est vrai aussi qu’au fur et à
mesure de l’avancée les choix de navigation se
réduisent, l’objectif c’est quand même
bien de piquer sur Tahiti à un moment donné.
« Je sens qu’il va bientôt falloir
que je retourne sous ma planche m’occuper des anatifes ».
Mais la manip n’est réellement efficace que lorsque
la planche avance, il faut choisir le bon moment. Si elle
gratte sa planche maintenant, avec 3 ou 4 jours de petit
temps derrière, l’opération se résume
à l’emplâtre sur une jambe de bois…
« J’ai vraiment l’impression que
la seule information météo valable en ce moment
c’est : système météo perturbé,
tout est possible. La sophistication des outils n’ajoute
que de l’aléa dans les prévisions. Je
serais mal à l’aise si je devais travailler dans
une science aussi peu exacte ».
Science, le mot qui lui rappelle certains cours qu’elle
a suivis à l’Ecole Vétérinaire
de Nantes, « je me souviens d’un cours
sur le cancer (son auteur se reconnaîtra…)
qui était remarquable, l’amphi était plein
et tout le monde écoutait ».
L’espace d’un instant elle oublie le grand calme
qui l’entoure. On se quitte sur un sourire…
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Cédric, qui était avec
nous sur l'opération Méditerranée,
Claire.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003
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