Point du jour au samedi
27 septembre 2003 (Paris)
<<< Point
précédent - Point
suivant >>>
Retour au début
O rage, O désespoir
!
Position à 18H30 (Paris) : 10°
07 S / 122° 11 W
N’ai donc tant navigué que
pour cette accalmie et me suis-je farci ce travail quotidien
que pour voir en un jour fléchir tant de beaux milles…
« J’ai le moral au creux de la vague,
même s’il n’y a pas de vague »…
Petite note d’humour dans la désolation du grand
silence qui entoure Raphaëla.
Tant qu’il y a de l’humour…
Raphaëla est assise sur le pont avec son téléphone
portable, « je ne risque pas de me faire arroser
par les vagues » c’est déjà
ça « Et puis il fait déjà
une chaleur d’enfer ».
Et il n’y a pas de parasol à bord.
Roland le beau-frère de Raphaëla
est de passage au PC, il est tout sourire et plein d’énergie,
tout ce qu’il faut pour Raphaëla heureuse de l’entendre.
- « Alors, Roland tu es un grand-père
au comble du bonheur ? Je suis désolée
je n’ai pas eu le temps de féliciter la maman… ».
- « Ne t’inquiète pas tu avais
bien d’autres choses à faire. Mais dis-moi est-ce
que tu te baignes de temps en temps ? »
- « Me baigner… bof ! Tu sais si
j’étais sur un bateau avec des amis il y a longtemps
que je me serais mise à l’eau et que je batifolerais
autour, mais là … avec 4000 m de fond j’en
ai pas vraiment envie ! »
- « Et les horribles petites bestioles ? »
- « Ah oui les anatifes, j’ai fait le
nettoyage parce que tu sais ça repousse (vous noterez
la précision scientifique du terme…) à
la vitesse V ! Mais bon tout le matériel fonctionne
à bord il ne faut pas que je me plaigne… ».
Mais Raphaëla a une petite voix elle est en train de
flancher.
Je sors le gag de la journée, un
site internet où sont organisés des paris comme
pour les courses de chevaux.
On invite les gens à miser sur l’arrivée
de Raphaëla à Tahiti ! L’arrivée
de Raphaëla est cotée en bourse !
Ca la fait sourire, j’ai gagné 5 minutes
sur la pétole…
Le président du CAPE prend la parole,
« tu sais Raphaëla ce sont les choses difficiles
qui font la valeur de l’exploit ». Elle se
ressaisit un peu mais elle reste sceptique.
Raphaëla a passé la journée
de vendredi calfeutrée dans la planche « j’ai
mis la veste de quart sur la bulle pour couper un peu la lumière
et m’empêcher de cuire. J’ai passé
ma journée à boire et à faire pipi. Et
puis j’ai fait un peu de nettoyage sous le caillebotis
il y avait des morceaux de bouffe qui commençaient
à moisir ». Ca sent le néoprène
dans toute la planche, Raphaëla a mis ses chaussures
dans le petit panneau central qu’elle a ouvert pour
essayer de faire circuler l’air.
Au réveil ce matin (ce soir donc
à Paris) la mer est « comme la Méditerranée.
C’est une flaque autour de moi. Le courant me pousse
à l’Est, je n’y comprends plus rien. L’ancre
flottante se balade, elle fait parfois un angle droit avec
la planche ». Elle va certainement replongé
sous la planche pour vérifier l’état de
prolifération des anatifes.
« Le boulot sur la poignée du panneau-bulle,
je verrai ça au soleil couchant, c’est la fournaise
toute la journée de toute façon ».
La scientifique reprend un peu le dessus, « je
ne comprends pas pourquoi je ne vois pas de dorades coryphènes
alors que ça fait plusieurs jours que je n’avance
pas… ».
Le compas n’assure plus « je me fie au
soleil et aux étoiles la nuit. J’ai repéré
une énorme constellation à l’ouest qui
forme un S penché avec plein d’étoiles ».
Je m’en vais de ce pas étudier la question pour
essayer de lui donner un nom.
|
|
Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
|