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Point du jour au vendredi
26 septembre 2003 (Paris)
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Convers(at)ions océanes
Position à 6H30 (Paris) : 10°
00 S / 122° 33 W
Le vent descend, la tension monte.
6H de navigation, 18 milles de parcourus. Ca fait quand
même une vitesse de 3 nœuds n’est ce
pas ? Et 3 nœuds ce n’est pas rien, ce
n’est pas à proprement parler la pétole.
« Bon, c’est vrai il n’y a pas
une mer d’huile comme sur la Méditerranée
l’année dernière. Il y a une petite houle
toujours présente mais tout est silencieux ».
Raphaëla est inquiète, il faut que le physique
tienne.
La tête est là pour l'aider mais la tête
marche mieux quand le vent est là, quand le soir il
y a la satisfaction des milles parcourus, ça fait oublier
le reste…
Catherine Chabaud est venue nous rendre
visite au PC hier après-midi.
"Raphaëla, comme je t'envie, j'aimerais bien
être à ta place même si je sais que t'en
chie parfois".
Et Catherine elle sait de quoi elle parle. Raphaëla est
touchée.
- "Tu sais en ce moment je suis assise sous la bulle
et je regarde l'étrave qui avance doucettement, la
dérive est à 0,5 nœud. J'ai même
eu au réveil un gros nuage noir et quelques gouttes
de pluie, remarque ça rafraîchit l'atmosphère…".
- "Oui ce sont les nuages dont on a envie mais qu'on
redoute en même temps… Est-ce que la mer est différente
de ce que tu voyais sur l'Atlantique ?"
- "Oui… enfin oui et non. C'est vrai le type
de mer est différent mais pas fondamentalement. Mais
tu sais, je n'ai pas beaucoup d'expérience (enfin,
tout le monde n'a pas parcouru 6000 milles en planche
à voile… ). Je vois des nuages cotonneux, une
mer bleue et la nuit le ciel est rempli d'étoiles,
j'ai l'impression d'en voir plus que sur l'Atlantique".
- "Profites en Raphaëla, toi tu n'es pas en
course".
- "Oui c'est vrai mais en ce moment j'essaie d'apprendre
l'école de la patience… Il ne faut pas traîner
sinon les risques de panne augmentent. Avancer, avancer c'est
mon petit moteur qui se met en route le matin".
- "Raphaëla il faut que tu saches que, vu de l'extérieur,
on sent que tu maîtrises bien mieux ta traversée
que lorsque tu étais sur l'Atlantique. C'est vraiment
un joli parcours que tu fais".
- "Tu vois l'Atlantique c'était pour moi un rêve
d'enfant. J'étais naïve sur tout. Et puis il y
a eu la Méditerranée où j'ai atteint
le stade de l'adolescence. Pour le Pacifique on a encore grandi
et nous avons mis tout notre cœur et notre savoir-faire
pour que cette traversée se passe au mieux".
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Catherine Chabaud est venue au PC encourager
Raphaëla.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003
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Raphaëla continue de dérouler
sa carte de navigation "par le côté
du Pérou et pas encore par le côté de
Tahiti".
Elle attend de descendre et se fixe des objectifs intermédiaires
pour ne pas attraper le vertige.
"J'ai besoin du contact avec la terre surtout dans
les moments de blues. Mais c'est douloureux aussi quand je
raccroche, parce que je ressens encore plus l'impression de
la solitude. Ce sont des moments de désolation".
Maxence, neveu de Raphaëla, est de passage au PC et il
lui apprend que tout le petit monde de la Nioulargue est suspendu
à sa progression.
"Ouah !! J'en suis très honorée".
Il parle vite, on le sent ému par ce lointain contact…
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Maxence, neveu de Raphaëla, de
passage au PC.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003 |
Raphaëla continue de se seriner des
airs de vieilles chansons, "surtout celle qui parle de
la Normandie profonde et que Véronique connaît
bien". Là je sèche…
Et puis qu'on se rassure avec les pieds de Raphaëla,
"ils vont beaucoup mieux, la Biafine c'est super.
Du coup j'ai changé de chaussures et je n'ai plus besoin
des bandages pour le moment."
On ne va pas cracher sur les bonnes nouvelles, hein ?
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