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Point du jour au jeudi
18 septembre 2003 (Paris)
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Adrénaline sur
le Pacifique
Position à 6H00 (Paris) : 9°
56 S / 116° 06 W
Hier après-midi le temps était
tout à fait estival à Paris (oui, j'ai décidé
de parler un peu de Paris, je passe mon temps à vous
parler de la météo sur le Pacifique…),
remarquez c'est encore l'été, alors…
Eric, le frère de Raphaëla (pas le mien) est venu
nous rejoindre au PC, il a un petit quart d'heure devant lui,
juste le créneau qui colle à celui de Raphaëla.
Nous bavardons gentiment en attendant l'appel, ça sonne,
c'est parti…
- "Raphaëla ça va ?'
- "Non (ça fait toujours drôle
quand on vous répond Non), le déssal n'a
pas marché cette nuit. Le bidon est vide. J'ai plongé
sous la coque pour vérifier le trou d'arrivée
d'eau, il est propre. Je ne comprends pas. Il faut que j'appelle
Guy. Je n'ai pas le temps de discuter".
- "OK, Guy est là de toute façon, tu
peux l'appeler. Tu nous donnes quand même ta position
avant de raccrocher."
Ce sera sa seule concession. Il vient de s'écouler
2 mn 30.
Eric peut se consoler, au moins il ne sera pas en retard à
son rendez-vous.
Cinq minutes plus tard, le technicien de Radio France est
en train de repasser l'enregistrement comme tous les jours,
et le téléphone sonne….
Panique la ligne est à moitié occupée
et je reconnais le numéro de la planche, "vite,
vite la ligne". Ca y est !
- "Hélène, je n'arrive pas à
joindre Guy, la ligne est occupée ou ça sonne
dans le vide".
- "Tu m'accordes un quart d'heure et je vais appeler
Guy", c'est James Bond, réglons nos montres !
- "Quoi un quart d'heure !"
- "Oui, Raphaëla, un quart d'heure, rappelle-moi
dans un quart d'heure".
Je finis par attraper Guy dans son bateau. On se met d'accord
il fonce chez lui pour s'installer devant son téléphone
fixe, "j'ai besoin d'une demi heure devant moi, le
temps de fermer le bateau et de traverser Lorient".
A 17H00 c'est probablement plus encombré que le
Pacifique Sud…
Raphaëla rappelle au PC.
- "Quoi ! Dans une demi-heure ! Et pourquoi
j'ai pas pu joindre Guy ?"
- "Ecoute Raphaëla il était parti faire
pipi (je l'avoue j'invente un peu il faut calmer le jeu)
et maintenant il faut qu'il aille à la maison, ce n'est
pas tout à côté tu sais, d'accord ?"
- "Bon, d'accord, à ce soir".
Je retourne au bureau, je pose mes affaires
et mon portable qui sonne… le Pacifique en direct, là
je commence à m'inquiéter un peu.
- "Tout va bien, j'ai fait la réparation qu'on
a discutée avec Guy tout à l'heure, un petit
tuyau à l'arrière du dessal. s'était
débranché et là ça fonctionne".
Je m'assois, je souffle.
"Je n'arrive pas à joindre Guy pour le lui
dire, appelle-le".
Et j'apprends dans la foulée la deuxième
panne : le téléphone Iridium fixe est en
rade… Je me relève.
"Je t'appelle du portable, ça à l'air
de marcher là, mais moi j'en ai marre, j'ai envie de
naviguer".
Finalement ce sera une bonne journée
de navigation après les 2 heures de panique matinale.
"Il y a eu un grand soleil toute la journée,
une mer calme. Je n'ai pas vu la grosse houle."
Personnellement ça ne me dérange pas…
Il y avait 12 à 15 nœuds de vent, elle a
presque regretté de n'avoir gréé que
sa voile de 5,7 m2.
"Et j'ai ruminé toute la journée, j'étais
pas contente de moi, je me suis engueulé d'avoir paniqué
trop vite. Mais ça ce sont les effets de la solitude,
je gamberge toute la journée, j'imagine toutes les
pannes et là ce sont les 2 que je crains le plus qui
arrivent : le dessal et le téléphone"…
Son téléphone est collé à son
oreille, il fait entre 25° C et 30° C dans
la planche, "en essayant d'appeler ce matin je dégoulinais
en plus…".
Le sac à viande dégouline lui aussi, il
est totalement humide, "et en plus il pue, je vais
le bazarder".
Pas par dessus bord, rassurez-vous…
Elle continue de surveiller les anatifes
"ce matin j'en ai viré 2 ou 3 rapido ça
faisait une grosse poignée, et puis je n'avais pas
envie de rester trop longtemps dans l'eau".
J'apprends qu'en fait elle a sauté à l'eau
"bzoum comme ça sans manger, sans habit. Je
suis restée 2 minutes. La semaine prochaine si
c'est plus calme je refais une incursion anti-anatifes".
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Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
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