Point du jour au jeudi 28 août 2003 (Paris)

<<< Point précédent - Point suivant >>>
Retour au début

Le spectre

Position à 4H30 (Paris) : 11°21 S / 96°39 W

Raphaëla a navigué hier dans "une bonne ambiance tropicale" avec ses "copines les dorades coryphènes" qui passent tout près de la planche.

IFREMER - M. Taquet - Banc de daurades.

Elle pourrait même les harponner si elle voulait, mais ne vous inquiétez pas, Raphaëla s'est inscrite à la L.A..D.C (la Ligue des Amis de la Dorade Coryphène) donc les belles dorades ne termineront pas dans son assiette.
Remarquez, c'est un peu dommage parce que c'est un poisson non seulement beau mais en plus excellent…

Le début de matinée préoccupe un peu Raphaëla, "il y a 0 nœud de vent, c'est le calme plat, plus rien, la transition est brutale !".
Elle décide de gréer sa plus grande voile et se prépare à une journée qui ne serait pas pour déplaire à notre gouvernement, mais c'est connu, Raphaëla est une bosseuse… "Mon objectif est d'atteindre le 100èméridien, je passe mes journées à faire des extrapolations sur la durée de la traversée et Guy m'engueule".
Elle peste, elle râle (ça n'étonnera que ceux qui ne la connaissent pas) et les milles sont "une obsession".
D'une certaine façon elle a raison, c'est vrai qu'il ne faut pas traîner en mer surtout que quelques petits débuts de tendinite ont fait leur apparition… "Quand le vent se tait on gamberge" et je peux vous dire que Raphaëla n'est pas la dernière dans cet exercice, "je réfléchis" est l'une de ses expressions favorites…
Elle aimerait bien avoir quelques jours de bon vent avec une "bonne avancée sans se poser de questions", nous aussi on est d'accord, ça nous reposera l'esprit…

Son combiné téléphonique prend quelques traces d'humidité qui, parfois, rendent la liaison vers la Terre un peu hasardeuse, alors Raphaëla qui, je vous le rappelle, réfléchit beaucoup, imagine la panne générale, l'interruption des conversations, "et si ce combiné rendait l'âme", optimiste, comme toujours, Raphaëla…
Du coup elle prend des mesures pour ménager au maximum son téléphone. Elle a prévu un petit bout pour l'attacher à la planche au cas où un nouveau 360° se présenterait, elle arrête aussi de "tirer sur le fil comme une malade" pour être plutôt sous la bulle, c'est plus confortable pour le point de vue…

Au moment où elle se prépare à gréer sa voile pour naviguer, un oiseau, probablement un pétrel (pattes palmées, bec gris-bleu, yeux verts, plumage tâcheté marron), est venu se poser juste à côté de la bulle. Il avait manifestement l'intention de faire une sieste au sec mais ce n'était pas du goût de Raphaëla. "Pousse-toi" lui a t-elle dit.
Ben oui il s'était posé juste à l'endroit où elle doit s'asseoir pour gréer, il a même essayé de la mordiller… Raphaëla a été obligée de le pousser (pousser j'insiste, hein!) pour le remettre à l'eau.

Le soir son analyse de la journée a le mérite de la clarté, "je me suis fait chier toute la journée".
De plus il s'est mis à repleuvoir à partir de 16H00 mais cette fois sil n'y a plus de vent sous les nuages, on n'est plus sur les côtes bretonnes balayées par les "bonnes dépressions" mais plutôt dans la douce Normandie en train de se faire humidifier lentement mais sûrement, le rêve… Le petit vent a même basculé pendant la journée et elle s'est retrouvée l'espace de quelques instants tribord amure !

Avant de s'endormir Raphaëla a accompli une performance digne du "Grand Livre des Records". Une des branches de ses lunettes est tombé devant ses yeux, et elle a réussi, dans le sympathique foutoir de la planche, à retrouver la petite vis, la rondelle et l'écrou qui relient la branche au verre !
Franchement je me demande encore comment elle a pu les voir sans ses lunettes alors que sur la route elle est capable de rater un panneau de sortie…
Motivation et urgence sont manifestement les mamelles de la performance !

Maintenant Raphaëla attaque la grande course contre les anatifes et les tendinites. C'est mieux si le petit temps ne s'en mêle pas…