Point du jour au mardi
12 août 2003
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La pêche miraculeuse
Position à 14H40 (Paris) : 11° 10 S / 82° 25 W
Hier soir vers 22H30 (Lima) Raphaëla passe dans sa chambre à coucher
après un peu de lecture au salon pour se préparer pour
la nuit. A terre on pense à brancher son réveil pour le
lendemain. En mer c’est plutôt le dernier tour d’horizon
(au sens propre…) avant de se crémer et de se poudrer pour
la nuit.
Et là, surprise, les lumières d’un chalutier pas
très loin. Il faut organiser la surveillance il n’est plus
question d’aller se coucher.
23H30 le chalutier commence à se rapprocher, Raphaëla se
précipite sur sa VHF et tente de leur donner l’alerte… pas
de réponse, et la petite lumière qui devient de plus en
plus visible !
Le chalutier avance sans donner signe de vie, et finit
par passer carrément
sur l’extrémité du bout orange arrimé à l’arrière
de la planche. Il fait 25 m de long, pas 1 de plus… Raphaëla
sort son projecteur et persévère sur la VHF, sans succès… Elle
en est réduite à leur hurler dans toutes les langues, français,
anglais, espagnol de s’écarter.
Le chalutier s’éloigne effectivement mais il reste dans
les parages.
Soudain la planche fait une embardée, change
de cap, se met à ralentir.
Raphaëla est sur le pont avec son
projecteur et constate que la planche est empêtrée dans
le filin du chalutier. La barre est coincée dans le chalut. Raphaëla
en est réduite à essayer
d’enlever le filin à la main pour libérer la planche :
2H de boulot !
Il est 1H00 du matin et le chalutier se rapproche à nouveau pour
récupérer son chalut. Raphaëla continue d’agiter
son projecteur et de leur lancer des appels. Puis ils finissent par disparaître.
C’est tout de même incroyable ces bateaux
de pêche
au-delà des eaux territoriales par plus de 4000 m de fond !
En fait Raphaëla voit ces chalutiers tous les
soirs à distance
ce qui l’oblige à rester sur le pont en veste de quart pour
surveiller leur route.
Généralement elle les voit arriver
par l’arrière de la planche mais ce soir c’est par
l’avant que le chalutier s’est manifesté.
Le reste de la nuit sera calme.
Du coup ce matin Raphaëla
s’accorde
une petite récompense pour le petit déjeuner : une compote.
Elle y a droit 2 fois par semaine mais là elle sent qu’elle
la mérite bien avec quelques petits gâteaux bio histoire
de se requinquer…
Le temps est inexorablement le même, avec un
petit vent et une mer calme. Et elle lâche : « C’est
vraiment des conditions idéales pour les rameurs, il y a une bonne
dérive et pas
de gros creux ».
Elle s’étonne d’ailleurs
qu’aucun
n’ait encore songé à faire ce parcours à la
rame.
Pour préparer sa journée de navigation elle empile 4 épaisseurs
de vêtements et elle sait qu’elle sera mieux dans la planche,
bien au chaud, pour ses pauses collations.
Le PC flanche à cette évocation, si on pouvait enlever
nos cheveux et notre peau ici on aurait peut-être l’impression
de respirer. 40°C cet après-midi à Paris, je frise
le malaise dans mon bureau orienté plein ouest.
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