Point du jour au mercredi
8 octobre 2003 (Paris)
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Plus qu’une main
!
Position à 7H00 (Paris) : 11°
07 S / 129° 56 W
La nuit dernière a été
agitée avec empannages réguliers, dérive
dans tous les sens. Tanguy, le frère de Raphaëla,
est revenu au PC :
- « Ecoute, Raphaëla il faut que tu me
parles de ce que tu vois autour de toi, parce qu’ici
c’est la grisaille, il fait froid, il pleut donc il
y a des embouteillages ».
- « Eh bien moi j’ai eu ce matin un lever
de soleil rosissant avec les nuages floconneux de l’alizé
et je crois que bientôt il va faire très chaud
(elle le fait exprès, j’en suis sûre !).
Et puis c’est le grand calme autour de moi, je passe
la plupart de mes journées dans le silence (elle
cherche, elle cherche là !) ».
- « Il paraît que tu chantes ? »
- « Oui, oui je travaille ma voix. De temps en temps
ça défaille un petit peu mais il n’y a
personne pour m’entendre… ».
- « Et je vois sur la carte que tu n’est
pas loin du tout des Marquises… »
- « Oui d’ailleurs j’avais envisagé
de m’y arrêter mais je crois que ça a créé
un vent de panique à terre. C’est facile, c’est
tout droit Bziouuum ! Direct … ».
Anne Henri est en train de fourbir ses cannes
à pêche pour le catamaran. Raphaëla s’inquiète
à moitié : « Oui mais alors
s’il pêche avec une nuée de poissons et
de requins autour de lui il faut que le cata soit bien loin
de moi ! ».
Raphaëla craint d’avoir pris
un abonnement aux bulles de trou de vent.
- « Quand la voile me tombe dessus c’est
dur pour les tendons. S’il y a moins de 10 nœuds
de vent tout de suite c’est galère. Chaque jour
c’est un peu plus difficile de lever les bras… ».
- « Et lever le coude aussi Raphaëla ? ».
Elle rit, encore une petite victoire sur le petit temps.
Tanguy sort de l’exposition Gauguin
à Paris où il a vu le fameux tableau encore
inconnu. « Je te donne son titre : D’où
venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?
Ca devrait alimenter tes journées de méditation
pour répondre aux questions qu’on va te poser
à ton arrivée ! ».
Fred Beauchêne vient de pousser la
porte du PC, il va tout de suite vers la carte et prend les
mesures.
- « Salut Raphaëla, alors je viens de
faire mes calculs, tu viens déjà de parcourir
5 mains et il t’en reste une à faire. Avec
les deux mains sur ton wishbone ça devrait aller…
Alors il paraît que t’as mal aux jambes, ben ouais,
fallait pas s’attendre à moins quand même ! ».
Raphaëla rigole.
- « C’est vrai tu as raison. Le matin
les mains et les pieds grincent un peu puis ça se décoince
dans la journée ». Je me demande si
Guy a prévu le dégrippant à bord…
- « Et puis j’ai vu que tu as reculé
toi aussi, quelle copieuse ! Je suis d’accord avec
toi ce n’est pas bon pour le moral, mais pour le scénario
général c’est top ! »
Fred lui suggère d’amarrer un bout entre l’arrière
de son harnais et la planche pour qu’elle soit tenue
quand elle se penche ver l’avant pour se décontracter
de la navigation.
- « J’ai utilisé ce système
dans le gros temps, c’était très efficace,
tu es en tension des deux côtés ».
- « Par gros temps j’ai plutôt navigué
assise. J’aurais peur de me casser en deux si j’étais
attachée ».
Guy m’a prévenue dans la nuit,
« un avion de la Marine Nationale a l’intention
de survoler la zone où se trouve Raphaëla dans
la journée de jeudi ». Je lui passe
le message ce matin.
- « Ah, oui tu fais bien de me prévenir
il va falloir que je me rhabille, que je sois en tenue correcte… »
- « Et tu regarderas aussi le ciel dans la nuit
de jeudi à vendredi, une pluie d’étoiles
filantes va s’abattre sur la Terre et sera visible de
Tahiti ».
Merci à Jean-Yves de Tahiti pour l’information !
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Crédit photos : Odyssée
du vent 2003 |
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