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Point du jour au jeudi
2 octobre 2003 (Paris)
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Les nuits à lunettes
Position à 7H00 (Paris) : 10°
23 S / 125° 27 W
Les journées sont très longues
et « solitude » est un mot que Raphaëla
emploie de plus en plus souvent.
La dernière fois qu’elle a croisé une
vie humaine c’était la nuit du 11 au 12 août
(oui, oui, 2003 bien sûr !)… Et depuis rien,
même pas le feu d’un cargo au loin…
Heureusement il y a les oiseaux, les dauphins (une fois),
les méduses, les poissons volants.
Elle ne peut pas raconter d’histoires à sa caméra.
Souvenez-vous, quand elle était sur l’Atlantique
la caméra était devenue sa confidente, surtout
quand elle était dans la pétole.
Alors hier après-midi on a organisé
une réunion familiale au PC avec Pierre, Claire, Eric,
Marie, Aude, Guy.
En plus ces instants ont été immortalisés,
les caméras de TF1 étaient avec nous.
Sergio a installé sa grosse caméra devant les
micros et puis tout le monde l’a oubliée, on
était quelque part sur le Pacifique avec Raphaëla.
Cette fois Eric a pu lui parler plus tranquillement (la dernière
fois qu’il était venu on était en pleine
crise de dessalinisateur et de téléphone).
Je perçois le brin d’émotion dans le début
de la conversation « Ecoute Raphaële je
suis à peu près certain que c’est bien
un barracuda que tu as vu l’autre jour en carénant
ta planche ».
Aude se fait le porte-parole des neveux
(grosse mission, ils sont 30) « Je suis contente
d’entendre que ta voix est plus gaie que la dernière
fois. Et puis tu sais on te fait de la pub partout ! »
Je sens Raphaëla qui sourit, là-bas, de l’autre
côté…
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Aude, nièce de Raphaëla,
se fait le porte parole de tous les neveu.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003 |
Pierre, qui se définit comme un prof
de gym frustré entame le check-up physique :
- « Faisons un bilan articulaire. Comment vont
tes épaules, tes coudes, tes pieds ? »
- « Ah, tu sais, le matin la carcasse a de plus en plus
de mal à se déplier. J’ai un peu mal partout
je me sens sur la corde raide. Mais bon je continue les massages,
c’est un peu chiant mais je le fais ».
- « Ah Raphaëla il ne faut pas dire chiant
tout le monde t’écoute et en plus c’est
enregistré ! ».
Claire éclate de rire.
Raphaëla vient de m’en reparler ce matin « c’est
le grand frère qui ressort, mais dis-moi il n’était
pas sérieux ».
J e la rassure.
Guy son neveu propose à Raphaëla
de lui concocter des recettes à distance. « Oui
mais tu sais maintenant il n’y a plus beaucoup de variété… ».
Alain Pichavant nous rejoint autour de la table, il est bien
placé pour savoir ce que vit Raphaëla, parce que,
lui aussi, a traversé sur une planche. Il la rassure
sur la météo à venir, « ne
te prends pas la tête sur ce qui va se passer dans une
semaine, c’est trop loin. Et puis tu m’as l’air
d’être plutôt en bon état physique.
Quand j’entends que tu soignes tes pieds avec de la
Biafine ça me rassure. Moi tu sais, j’avais deux
gros melons à la place des pieds… Je crois que
les conditions sont bonnes pour toi, tu commences à
voir le jour ».
Isabelle Fortis nous fait le plaisir d’une nouvelle
visite
- « Tu fais des rêves la nuit ? ».
- « Oui, et dans la journée aussi j’ai
l’esprit qui part, je me fais des petits plans ».
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Guy, neveu de Raphaëla, Alain
Pichavant, Hélène André, Isabelle
Fortis.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003 |
Ce matin il y a un brin de découragement,
la manip de réparation des poignées Goiot n’est
pas évidente, Raphaëla n’est pas arrivée
à faire le montage suggéré par Guy.
« J’y ai passé plus de 2 H
sans grand succès. Et puis la nouvelle que tu m’as
donnée hier sur la route à faire m’a un
peu cassé le moral. Il faut faire du tribord pour ne
pas descendre et, là, je n’avance plus ».
Mais la journée de navigation a été parfaite
avec petit vent et pas trop de mer.
« Tu comprends je passe des nuits à
lunettes en ce moment, pour surveiller le compas, la dérive,
pas trop descendre, corriger la barre. Et le matin quand je
me lève je suis fatiguée. Si je pouvais faire
du bâbord 24H sur 24 ce serait le rêve ».
Mais les infos météo sont là, c’est
merdique au Sud, il ne faut pas trop descendre…
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Rémi Pelletier interviewe Marie,
nièce de Raphaëla.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003 |
Le décalage horaire avec Paris n’est
pas facile non plus.
« Quelquefois j’aurais envie de vous
appeler et là je réalise que vous êtes
tous en train de dormir. Je ne veux pas vous déranger ».
Même au milieu de nulle part Raphaëla se préoccupe
du protocole…
« Ecoute, si tu veux téléphoner
à 3H du matin fais-le, le téléphone est
sur le tabouret à côté du lit. Mais bon
tu ne diras rien si je baille un peu, hein ? ».
Parce que figurez-vous qu’elle râle quand elle
m’appelle le matin et que je ne retiens pas un baillement
pendant la conversation alors que je n’ai pas encore
pris mon café !
« Mais tu bailles, là, c’est pas bien !
Tu es fatiguée alors ».
Gloup, si peu… Ce n’est pas grave j’ai toujours
une petite connerie pour la faire sourire l’instant
d’après…
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Guy, Marie, Pierre, Aude, Hélène,
Eric.
Crédit photos : Odyssée du vent 2003
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