Point du jour au lundi
8 septembre 2003 (Paris)
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Vent d'Est et bords
carrés :
le cocktail explosif
Position à 05h30 (Paris) : 10°50
S / 106°15 W
Le vent a franchement basculé à
l'Est, le Sud est "pétolesque" avec grosse
mer : Raphaëla a pour mission de maintenir la ligne
du 11è parallèle Sud.
Et ça la met dans tous ses états ! "Je
mets la planche en dérive vers le nord pendant la nuit,
du coup je n'avance plus dans l'Ouest. Si ça continue
comme ça dans 2 mois j'y suis encore"…
La crise de nerfs s'approche à grands pas, dans ce
cas la seule solution c'est la diversion :
- "Raphaëla, une mamie admiratrice bretonne
t'envoie tous ses vœux de courage".
- "Ah bon, c'est vrai ?"
L 'orage s'apaise un peu même si les gros nuages noirs
sont encore là ce matin.
"J'étais dans le poste avant et j'ai dû
me planquer sous le panneau pour laisser passer l'averse,
mais tout va bien ça ne m'a pas coupé la chique !".
Raphaëla s'inquiète de la médiatisation,
"vous comprenez si la traversée se passe sans
histoire, les gens seront déçus, il n'y aura
rien à raconter".
On s'étouffe un peu autour de la table, Claudine
suggère quelques petits chavirages…
"Oui, mais en même temps chaque jour où
il ne se passe rien je fais OUF !".
Nous aussi mais on ne le lui dit pas.
Elle paraît contente du programme
de rendez-vous qu'on lui a préparé pour la semaine,
"c'est bien les rendez-vous, ça m'occupe la
tête, ça m'évite de réfléchir"…
On est prié de bien le prendre…
Finalement la journée a été
franchement musclée, c'est sûrement le vent dans
ses oreilles qui a empêché Neptune de nous entendre.
Du coup il y a eu un "bon 25 nœuds bien
établi toute la journée" avec la mer
bleue foncé zébrée de blancs moutons,
le tout sous un grand soleil.
"La mer était hyper grosse, j'ai fait des
surfs monstrueux à au moins 10 nœuds. Je
me suis fait peur. De temps en temps je regardais derrière
et ooooooooh !".
Les regards échangés tanguent un peu.
En fin de matinée ça continue
de monter, Raphaëla décide quand même de
manger dehors.
- "je me suis fait rincer de la tête aux pieds".
Il y a peut-être d'autres méthodes pour
saler les plats, non ?
Après manger elle bâche tout
et se met en dérive le reste du temps.
- "Trop gros, j'ai passé l'après-midi
calfeutrée dans la planche et bien sûr c'était
encore le sauna, pénible…".
Je sens la voix un peu tremblotante je m'accroche, je lui
raconte notre menu du soir.
"Tu te rends compte, Raphaëla, que même
quand tu n'es pas là je mange des nouilles !"
Une traversée océanique demande beaucoup d'abnégation.
A terre aussi…
On se sépare sur un sourire, c'est gagné.
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