Point du jour au jeudi
4 septembre 2003 (Paris)
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Tag sur la planche :
la police est sur les dents
Position à 04H30 (Paris) : 11°02
S / 102°14 W
C'est le grand désert, plus un oiseau,
plus de dorade depuis deux jours : "ils ont
du faire demi-tour au 100è méridien".
Encore un coup du Ministère de la Mer qui n'a pas renouvelé
leurs cartes de séjour…
Il lui reste les vagues et le soleil, solidaire des intermittents
de la lumière, qui bâche vers 16H00.
Alors pour la douche en fin de journée
c'est service minimum et encore je suis gentille. "J'ai
les mêmes affaires de navigation depuis le départ",
vous vous rendez compte ça fait un mois, "mais
qu'on se rassure j'ai changé une sous-couche il y a
seulement quinze jours !".
Pas étonnant qu'elle soit couverte de petits boutons
"mais ils disparaissent pendant la nuit et je ne
les vois qu'en fin de journée", la faute
au frottement Lycra qui macère toute la journée.
Vous comprenez mieux maintenant pourquoi Raphaëla a tant
insisté pour faire sa traversée en solitaire,
pas besoin de faire de frais pour le pince fesses du soir.
Un doute m'étreint tout à coup, et si c'était
pour ça que tous les oiseaux étaient partis,
ces Français sont incorrigibles !
Le vent était un peu moins fort qu'hier
mais ça ne l'a pas empêché de parcourir
35 milles en 7H30 de navigation, "j'ai calculé
je suis allée un peu moins vite qu'hier".
Et soudain, panique à bord, "merde, je
suis dans le noir tu m'entends toujours", je la
rassure. Elle a appuyé son genou sur l'interrupteur
du tableau électrique, elle croit peut-être que
je ne la vois plus…
Du coup au beau milieu de la nuit Pacifique
elle repense à ces oiseaux somptueux qu'elle a vus
il y a deux jours, de grands oiseaux avec une queue noire
et "un vol extraordinaire. C'est bizarre, ils surgissent
de nulle part, très haut dans le ciel, et ils enchaînent
des vols en piqué vers la planche puis des vrilles".
Les pilotes de chasse ont tout copié ! "Ils
chopent le poissons volants en plein vol, et il y en a un
qui avait les yeux plus gros que le ventre. Il a attrapé
un poisson tellement gros qu'il est reparti avec un vol lourd.
Il ne savait plus quoi faire de ce fardeau…".
D'habitude ils les avalent dans la foulée.
Raphaëla a aménagé une
salle de sport dans sa planche. "Je fais des étirements
des genoux en me mettant à plat ventre et en ramenant
mon pied sur ma fesse".
Il faut savoir que Guy a dessiné cette planche
sur mesure, le pied passe "tout juste" sous le plafond",
40 cm de hauteur je vous rappelle. Elle n'avait pas fait
ce genre d'exercice sur l'Atlantique et elle suit à
la lettre les conseils de son kiné Jean-Claude Belot.
"Ensuite je fais des étirements des doigts
en les posant à plat sur le plafond de la planche".
En même temps elle a les yeux sur la peinture de sa
sœur Lili que Guy a collée au plafond avec de
l'epoxy (la peinture, pas la sœur), bravo l'artiste !
Elle ne risque pas de se décoller (toujours la peinture
bien sûr)…
Raphaëla a décidé de
marquer des petits traits sur le plafond de sa planche pour
compter les jours "je fais des tas de 7 traits".
Comme Joe Dalton dans sa prison de Painful Gulch : I I I I I I I
- "Ah bon, tu écris sur les murs maintenant ?"
- "Ben oui, j'ai bien le droit, non, c'est ma
planche !".
- "Et puis souviens-toi, l'autre jour, l'oiseau
qui voulait dormir, il m'a tagé toute la planche avec
ses cacatages !"
La section "Mains dans le sac"
de la Police Maritime n'a pas encore attrapé les malfaiteurs !
Elle a peut-être fait demi-tour au 100è elle
aussi, question de zone de compétence.
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