Point du jour au samedi
30 août 2003 (Paris)
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La colle et l'huile
de coude
Position à 15H30 (Paris) : 11°02
S / 98°21 W
Les nuits sont « archi calmes »
en ce moment, et Raphaëla dort d’un sommeil de
plomb. Elle récupère de la semaine précédente
plutôt mouvementée… Elle voit des multitudes
d’étoiles au-dessus de sa tête la nuit
quand elle fait ses « pauses pipi ».
Mais depuis mardi sa progression s’en ressent, même
s’il y a un petit vent qui lui permet d’accrocher
le harnais et de naviguer sous le soleil dans une mer peu
formée. Tous les ingrédients pour passer des
bonnes journées sont enfin réunis, alors me
direz-vous :
- Où est le problème ?
- Sous la planche.
…….. ????? ……..
Eh bien oui, de charmants anatifes ont
découverts ce refuge providentiel flottant, alors c’est
la fête, les larves viennent s’agglutiner sous
la ligne de flottaison et les petites bêtes grandissent
sagement et se laissent caresser par le courant généré
par le déplacement de la planche.
C’est l’extase quoi ! Le lieu de villégiature
rêvé, le havre de paix…
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Anatifes - Passagers clandestins accrochés
sous la planche, découverts à l'arrivée
(traversée de l'océan Atlantique).
Photo Odyssée du Vent (avril 2000). |
Et Raphaëla a eu la surprise hier soir de découvrir
qu’après une journée de 7H30 de navigation
elle avait parcouru 25 milles, soient quelque 3 nœuds
de vitesse.
C’est la déception et tout de suite l’inquiétude,
car les bestioles scotchent littéralement la planche
sur l’eau et lui volent presque 2 nœuds de
vitesse.
« A ce rythme-là c’est 4 mois
que va durer la traversée ».
Mais elle ne veut pas encore trop y penser, « c’est
peut-être psychologique, maintenant que je sais que
j’ai les anatifes je m’imagine que je n’avance
plus »…
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Guy Saillard constatant la présence
des parasites frainant l'avancée de la planche.
Photo Odyssée du Vent (avril 2000). |
Heureusement avant-hier soir elle s’est
consolée avec une troupe de dauphins qui a assisté
à son installation pour la nuit dans un coucher de
soleil « superbe ».
« Avec
un tel spectacle tous les espoirs sont permis pour le lendemain ».
Mais les anatifes veillent et la planche
n’avance presque plus. Raphaëla se sert régulièrement
de la sangle que Guy lui a fabriquée pour tenter de
gratter le dessous de la planche.
« Je me demande si ça sert à
quelque chose mais au moins j’ai bonne conscience ».
Elle a enlevé le bout orange, qui n’est
plus orange tant il est colonisé et l’a mis à
sécher au soleil sur la planche pour se débarrasser
des anatifes.
Notre amie Laurence de l’Ifremer va étudier très
sérieusement la question dès son retour lundi,
et particulièrement essayer de trouver des données
sur le cycle de croissance de l’anatife dans des eaux
à 23°C.
C’est important car ça donnera une idée
à Raphaëla de la fréquence à laquelle
elle devra nettoyer sa planche.
« Vous savez, moi, je m’en fous que les
anatifes soient collés sous ma planche mais il ne faut
pas qu’ils me bloquent », et le problème
c’est qu’eux ils s’en foutent de la bloquer,
ils sont bien.
« Et puis je n’ai pas emporté de dinghy
pour m’installer confortablement à côté
de la planche et nettoyer la coque, il ne me reste plus que
l’appel VHF vers un sous-marin pour qu’ils viennent
donner un coup de balai »…
Ses coudes continuent de la préoccuper surtout qu’elle
navigue sur l’amure qui n’a pas sa préférence.
Je vous rassure elle le savait avant de partir…
Elle
se masse tous les soirs pour contenir la progression de la
douleur et « jusqu’ici tout va bien »…
La planche a bien séché cette
semaine et Raphaëla peut dormir avec la bulle entrouverte
« mais j’ai l’impression que je
fais une sorte d’allergie type rhume des foins comme
à Pénestin quand le vent vient de terre ».
Alors celle-là elle est bien bonne, le rhume des foins
au milieu d’un océan, vous en avez déjà
entendu parler ? « Le seul végétal
à bord c’est la moisissure alors c’est
peut-être ça ! ».
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