
L'ARCHITECTE DE LA PLANCHE
Portrait de Guy Saillard
Architecte naval et expert maritime, Guy Saillard est l’homme de tous les défis en mer, capable de dessiner et de faire naviguer toutes sortes d’embarcation.
POUR CONTACTER GUY SAILLARD :
Tél. portable : 06 15 92 82 19 - Tél/Fax : 02 97 30
08 61
Courriel : saillard.guy@wanadoo.fr - Site web : www.saillard-guy.com
Le mot de l'architecte
Quels sont les principaux impératifs fixés pour construire une planche de "haute mer" ?
Le principal impératif est d'être autonome, c'est-à-dire pouvoir vivre à bord de la planche en indépendance, ne pas dépendre de la présence ou de l'accompagnement aléatoire d'un autre bateau qui procure une fausse sécurité. La planche de Raphaëla est un bouchon destiné à flotter en toutes circonstances si le flotteur venait à être abîmé (même s'il est construit en sandwich mousse carbone/kevlar /epoxy). Il est évident que la planche doit être également très résistante et la plus légère possible.
Cela se matérialise donc par cette nouvelle planche, qui fait 7,80 mètres de long ?
Oui ! La planche doit être ni trop petite (sinon pas assez rapide)
ni trop grande (sinon pas maniable) et doit aller à une vitesse acceptable
en fonction d'une faible surface de voilure (7,4 m2 au maximum), donc avoir
une faible surface mouillée et une grande longueur de flottaison.
L’enjeu est d’avoir assez de stabilité à l'endroit
malgré une forme ronde mais peu de stabilité à l'envers
pour empêcher que la planche ne reste retournée ; avoir
une capacité à passer dans les vagues malgré un poids
faible et aller vite au portant malgré tout.
Et bien sûr, il faut pouvoir vivre à bord, dormir, manger, se
reposer au sec (dans un volume restreint de 2,45 m x 0,52 m x 0,80 m,
guère plus d’un mètre cube !), mais aussi disposer
d'un local pour entreposer les voiles et les combinaisons mouillées,
loger un puorits pour une dérive pivotante, des équipets étanches
et indépendants, deux blocs de batteries étanches, et toutes
les provisions du bord pour une grande traversée, sans oublier le dessalinisateur,
une boîte à outils et un réchaud à gaz....
Pour avoir intégré tout ça là dedans, je ne pense
pas finalement que ce soit trop grand !
Combien de temps a duré la construction ?
La construction du flotteur proprement dit a débuté en juillet
2001 pour se terminer en septembre 2001. L'équipement a été
installé entre octobre 2001 et fin mai 2002 ; il aura fallu presque
un an de mise au point pour tout installer !
Tout travail à l'intérieur de la planche est à la fois
minutieux et difficile, car tout est très petit et il n'est pas facile
de travailler dans des espaces aussi étroits.
On a de nouveau travaillé sur la planche en 2003, notamment pour installer
le système airbag, et en 2005 pour les peintures et l’installation
électrique et électronique.
Vous avez dessiné et fait construire la planche à voile avec
laquelle Stéphane Peyron a traversé l'Atlantique en 1987, planche
sur laquelle Raphaëla a réussi 13 ans plus tard son Défi
Atlantique…
Quelles sont les principales évolutions apportées sur cette
nouvelle planche ?
La principale évolution est une recherche encore plus poussée
de légèreté, avec l’utilisation de cloisons en
nid d'abeille. La planche a également une forme plus fine à
l'avant pour mieux passer les vagues, et plus plate à l'arrière
pour mieux surfer. Le orcircuit de commande de gouvernail est beaucoup plus
sophistiqué avec la fabrication et l'ajustage de secteurs de barre
qui pèsent 350 grammes et permettent l'utilisation de drosses
en kevlar.
Tout cela pour éviter à Raphaëla les soucis qu'elle a connus
avec le vieux matériel de la transat précédente.
Et puis j’ajoute que le système airbag développé
en partenariat avec l’ESA est une véritable innovation technologique.
Pouvez vous nous parler de ce système d’airbag ?

Après la première tentative de Raphaëla en Méditerranée
qui s’est soldée par un chavirement et des difficultés
de redressement, et l’expérience réussie ensuite de la
traversée Marseille-Tunis, nous avons décidé de doubler
toutes les procédures de sécurité. Raphaëla est
capable de redresser son flotteur seule s’il chavire, mais il valait
mieux prévoir le pire.
Nous avons donc développé en 2003 avec l’ESA un système
d’airbag en cas de chavirement et de difficultés au redressement.
Ce système d’urgence se déclenche de l’intérieur
ou de l’extérieur de la cabine. L’airbag replié à
l’arrière du flotteur se déploie par le biais d’un
gonfleur électrique et met donc le flotteur à l’envers en
déséquilibre. Le redressement du flotteur se produit alors spontanément.
Ensuite, Raphaëla peut dégonfler son airbag, réamorcer le
système à nouveau pour une autre fois.