POINT DU JOUR n°39
Mercredi 26 avril 2006 (Paris 19H00)
Le scoop de la traversée
![](/2005/ptdujour/photos/pdj39.jpg)
L’estomac de Raphaëla est encore un peu chancelant. Mais elle
a parlé à Hélène et Nicolas Chevreuil, ses médecins,
et ils ont revu ensemble son programme d’alimentation et les doses de
médicaments.
Le maître mot pour la nourriture, c’est que Raphaëla mange
ce qui lui fait le plus envie. On verra plus tard pour un éventuel
rééquilibrage des menus. Ce qu’il faut aujourd’hui
c’est qu’elle se refasse une bonne condition physique qui amènera
la confiance et plus de sérénité dans les navigations
(demain on attend quand même 4 m de creux. Regardez votre plafond
il est en général à 2,2 m du sol…).
Toute la journée, le vent a soufflé avec une vitesse entre
25 et 30 nœuds (force 6) et Raphaëla a navigué
dans des creux de 3,5 m avec sa voile de 5,2 m2, comme prévu.
La navigation a été hachée pendant deux heures, elle
s’est fait peur et elle a tout rangé à 14 H pour
se mettre en dérive.
De plus, elle a eu un problème de bout coincé dans le safran
pendant qu’elle était en train de gréer. Et à midi
elle a décidé de se mettre à l’eau pour dégager
le bout du safran. Elle a failli (mais je dis bien failli, rien de grave)
se faire assommer par sa planche qui sautait dans les vagues. « Disons
qu’elle a effleuré ma tête en fin de mouvement de descente.
Mais la bonne nouvelle, c’est que j’ai pu voir qu’il n’y
avait pas d’anatifes accrochés à la coque ».
Elle avait pris son masque et son tuba mais pas le bouclier anti requins :
« De toute façon tout ça est allé très
vite, pas plus de cinq minutes à l’eau ».
Raphaëla a bien constaté que la température ambiante diminue de jour en jour. « J’ai remarqué ça depuis 2 ou 3 jours. La nuit il fait moins chaud et maintenant je dors dans le duvet. Et puis quand je suis allée à l’eau pour décoincer le bout j’avais mis une combinaison plus épaisse. Et en remontant sur le pont en fait je me caillais ! Le soleil n’était pas suffisant pour me réchauffer ».
Arielle Kassim (RFI) vient nous rejoindre au PC pour échanger avec
Raphaëla.
- « Dis donc je comprends que ça a l’air
musclé en ce moment ! Tu arrives à dormir correctement ?».
- « J’essaye de le faire mais il y a pas mal de bruit dans la
planche. Par exemple quand une vague arrive et qu’elle submerge la planche
en passant par-dessus la bulle ça me réveille. »
- « Et ta vie au quotidien comment ça se passe ? »
- « Ben, disons que j’ai mis un certain nombre de trucs de côté.
Par exemple c’est le foutoir dans la planche : je n’ai pas
le cœur (au sens premier du terme, ndlr) de ranger. Et pour la toilette,
ce n’est que par petits morceaux. Le lavage de haut en bas sera pour
plus tard. »
Et là, on entend la phrase la plus improbable de la bouche de Raphaëla :
« Ce serait bien un peu de pétole ».
Cette phrase résonne à mes oreilles de façon particulière.
Je réalise combien les conditions doivent être dures pour elle,
pour qu’elle souhaite ce qui habituellement lui fait dire sur le bord
de la plage « C’est pétole aujourd’hui, rien,
que dalle, ce n’est pas moi que l’on va voir sur l’eau.
Ce sera pour la prochaine session ».
Rédaction Hélène André