POINT DU JOUR n°31
Lundi 17 avril 2006 (Pénestin 17H00)
Planche avec vue
Ce matin, Raphaëla a senti que son environnement avait changé : « Il pleut avec de gros grains, j’ai une boule à l’estomac. La mer change, elle se creuse. Je crois que là, j’arrive sur le grand océan. Et le ciel aussi, il a changé ».
Elle ne se sent pas très rassurée, même si elle a pris le temps de noter qu’elle avait vu sa première frégate (l’oiseau, pas le bateau…).
A la vacation de fin de journée, dans sa maison de Pénestin,
avec les amis proches, elle baille au téléphone. Le mal de mer
est toujours là, « même l’eau elle n'est pas
bonne ». Aujourd’hui, elle a tiré le sachet bœuf
au curry, mais tout ça lui paraît bien insipide. Quand je pense
à tous ces sachets d’épices qu’on lui a préparés
à Fremantle entre deux séances de compétition de natation
qu’on regardait à la télévision à l’occasion
des « Commonwealth Games » ! L’idée
même lui soulève presque le cœur.
Notre ami Jaime prend la parole : « Ecoute Rapha, imagine
un peu, tu as les vacances avec vue sur la mer, c’est pas tout le monde
qui a la vue sur la mer ! ». Raphaëla rigole : « Ouais
c’est vrai. Et en plus il ne fait pas froid. Tu as raison, c’est
quand même pas un petit mal de mer qui va nous arrêter ! ».
Ça vaudrait mieux, parce qu’on n’a rien prévu pour
le retour…
La journée de navigation était difficile, avec une mer de travers qui fait gîter la planche. Il faut qu’elle reste très concentrée pour anticiper la vague et ne pas passer à l’eau. C’est fatigant et à 16H elle bâche.
Nous venons d’apprendre une nouvelle terrible : elle a trouvé
dans le coffre à pharmacie l’enveloppe que j’avais cachée
avec soin pendant qu’elle se faisait prendre en photo sur le pont quand
on était encore à la marina d’Exmouth.
« Mais bon j’ai vu qu’il y avait marqué NE PAS
OUVRIR alors je l’ai rangée ailleurs. D’ailleurs je crois
que je l’ai un peu perdue de vue » (vous vous rendez compte
dans 1m3 d’espace de vie !).
Vous en saurez plus, comme Raphaëla, le moment venu, patience…
L’ordinateur embarqué doit commencer à se sentir un peu
seul. « Je ne m’en suis pas encore servi. L’idée
d’avoir à fixer un écran enfermée dans ma planche
me donne la nausée ». A priori il est étanche, mais
bon !
« Enfin, il faudra bien que d’ici la fin de la traversée
j’envoie un mail, et une photo quand même ». Tout va
bien, elle a encore un peu de temps devant elle.
Rédaction Hélène André