POINT DU JOUR n° 29
Jeudi 13 avril 2006 (Paris 18H40)
« L’amarinade » tarde à prendre
La nuit en mer (entre dimanche 9 et lundi 10 avril), le retour sur Exmouth (patraque comme d’habitude), le premier avion pour Perth (mardi), le deuxième avion pour Singapour (mercredi), le troisième avion pour Paris (dans la nuit de mercredi à jeudi) ne m’ont pas beaucoup laissé de répit pour alimenter le récit du jour.
Pour les premières 24 H d’accompagnement en mer, j’avais
mis un patch anti mal de mer pour essayer de faire bonne figure sur le bateau…
Un vrai miracle (jusqu’à 2 H du matin) ! J’étais
même capable de descendre à l’intérieur du bateau
pour aller chercher de quoi manger dans le frigo. Un véritable exploit
pour moi, vous pouvez me croire. Je ne sentais rien, comme à terre.
Je me suis dit : « ça y est, j’ai trouvé
le remède absolu ! ». Mais voilà, l’effet
a commencé à s’estomper en début de nuit. Qu’à
cela ne tienne j’ai remis un patch sur l’autre oreille…
mais rien n’y a fait. Je ne vous raconte pas la suite, vous la connaissez
par cœur.
Le retour le lundi matin dans une mer bien creusée avec des vagues
presque de face a été éprouvant. Et laisser Raphaëla
en train de gréer sa voile dans ce paysage bien agité m’a
porté un bon coup au moral…
Et ce n’est pas fini ! Parce que j’ai découvert le
soir à terre un petit effet secondaire intéressant : j’avais
la vision de près totalement troublée, comme si j’étais
devenu en une nuit archi-presbyte (parce que de loin pas de problème).
Je vous assure que ça aussi ça met un coup au moral. C’est
la déshydratation qu’entraîne ce patch (et dont je ne me
suis pas rendue compte) qui m’a totalement desséché la
gorge et les yeux.
Je vous rassure tout va bien maintenant.
Raphaëla, elle, semble enfiler les milles depuis le départ. On l’entend dans le ton de sa voix, ça fait plaisir. Pourtant le mal de mer est toujours là, et pour cause, elle aussi a utilisé le patch le premier jour. Heureusement les effets secondaires n’ont été que soif et mal de tête vite résorbé. En revanche, ce patch ne l’a pas vraiment aidé à s’amariner, il a seulement différé le moment du mal de mer. Donc on retrouve le schéma habituel où le séjour dans la planche n’est pour le moment confortable qu’allongé. Pas question de chercher quelque chose dans les coffres au fond ça attendra.
Pour la première fois aujourd’hui, Raphaëla a utilisé
son attirail de « plongée » (bouclier anti-requin,
masque, tuba, combinaison) pour aller débloquer le bout orange amarré
à l’arrière de sa planche qui s’était accroché
dans le safran.
Hier elle avait coupé un morceau de ce bout pour tenter de le décoincer
en restant sur le pont. Résultat : il est resté coincé
et elle s’est entaillée le majeur de la main gauche.
Ce n’est pas très grave mais ce n’est pas évident
à panser parce que « dans la journée rien ne tient »
nous a-t-elle dit.
Elle s’est décidée aussi à taillader le bout de
ses bottines (vous vous souvenez, celles qui ont été récupérées
in extremis dans la malle à Fremantle) pour que ses doigts de pieds
ne butent plus dessus.
On aurait pû faire ça avant le départ parce que pour la
traversée du Pacifique elle avait mutilé de la même façon
toutes ses chaussures…
La faune marine ne semble pas vraiment s’être encore manifestée : juste un oiseau (pétrel ou puffin, à vérifier sur l’ordinateur qu’elle n’a pas encore eu le courage d’allumer) qui planait au ras de l’eau et deux océanites.
Rédaction Hélène André