METEO & STRATEGIE n° 2
Samedi 8 avril 2006
L’épisode Hubert ou les aléas
de la prévision
cyclonique
Les phénomènes cycloniques d’Australie sont les plus difficiles à prévoir en terme de trajectoire, c’est un fait notoire. Il n’est pas rare de les voir faire des demi-tours, des boucles ou changer de direction à 90 degrés. Hubert en est un bel exemple.
Résumons les faits :
- Dimanche 2 avril, un gros amas nuageux composé de multiples cellules orageuses se forme au nord d’Exmouth.
- Lundi 3 avril, le système est stationnaire en position et présente
toujours une forte activité orageuse. A ce stade rien d’alarmant
puisque, sous les tropiques, ces phénomènes ne sont pas rares
et peuvent persister plusieurs jours. Le BOM (Bureau Of Meteorology), qui
est le service météorologique national, commence à parler
de développement potentiel en cyclone. Etant donné que le phénomène
représente un danger potentiel, il est nommé 21S afin d’être
suivi par l’ensemble de la communauté météorologique.
J’en profite d’ailleurs pour attirer votre attention sur le fait
que, dans l’océan Indien, un phénomène tropical
est appelé cyclone à partir du moment que les vents qui lui
sont associés dépassent 34 nœuds. Alors que dans l’Atlantique
il aura l’appellation de tempête tropicale.
Toutes les prévisions sont d’accord pour faire évacuer
ce système vers le Sud-Ouest. Il risquerait alors de croiser la route
de Raphaëla. Il est donc décidé de retarder le départ
car on ne « joue » pas avec les phénomènes
tropicaux.
>- Mardi 4 avril, on commence à voir se creuser un minimum au centre de cet amas nuageux et les vents commencent en même temps à se renforcer, 20 à 25 noeuds. Il est prévu de s’évacuer vers le Sud-Ouest sans toucher les côtes australiennes. Par simple précaution
- Mercredi 5 avril, le potentiel de développement en cyclone est plus que probable. Il est prévu de se déplacer vers le Sud-Sud-Ouest, ce qui oblige à retarder une fois de plus le départ.
- Jeudi 6 avril, les vents moyens dépassent la barre des 34 nœuds.
21S devient officiellement cyclone de catégorie 1 à 08h
du matin (heure australienne, soit 2 heure du matin en France) et peut
être baptisé du nom de Hubert.
Pour choisir les prénoms, l’OMM (Organisation Météorologique
Mondiale) établit chaque année une liste officielle pour chaque
bassin cyclonique.
Sa course s’infléchit un peu plus vers le sud et il est prévu
de passer quelques nautiques à l’Est d’Exmouth le 07 en
début de matinée. Il devrait générer des vents
de Sud à 40 nœuds (75 km/h) avec des rafales à
60 nœuds (110 km/h) avec de fortes précipitations. Or
ce qui gêne l’équipe ce n’est pas tant le vent, la
marina est bien protégée, mais plutôt les inondations
qui peuvent engendrer une brusque montée des eaux et de forts courants.
Le tout associé à une onde de tempête peut facilement
faire rompre un amarrage, même bien préparé. Il faut donc
sortir la planche de l’eau, ce qui retarde le départ au 8 avril.
- Vendredi 7 avril, dans la nuit le cyclone a ralenti. Donc pas question
de remettre à l’eau la planche l’après-midi puisque
Hubert est toujours prévu de passer non loin d’Exmouth. Ce qui
veut dire que le départ ne se fera pas le 08 avril comme espéré.
Et puis, brusquement au cours de la journée, Hubert décide de
changer de trajectoire en tournant vers l’Est à environ 40 degrés
de sa course initiale. Il épargne donc Exmouth et vient mourir à
environ 30 milles nautiques (un peu moins de 60 km) au nord-est
d’Onslow.
Dès lors, un départ peut être envisagé dès
le dimanche 9 avril avec une fenêtre météo enfin
grande ouverte. La journée de samedi 8 étant consacrée
à la remise à l’eau de la planche et à lancer la
procédure de départ.
Rédaction Jean-François Bonnin