Comme ces éléments de classification
le précisent, les anatifes sont des crustacés,
appartenant à la sous-classe des cirripèdes.
Parmi ceux-ci, on trouve sur nos côtes les balanes dont
l’aspect rappelle de petites patelles, et qui vivent
attachées au rocher dans la zone de balancement des
marées, ou encore sur des coquillages comme les moules.
Le pouce-pied, dont la consommation est très appréciée
et que l’on pêche au bas des falaises de Belle-Ile
(Morbihan), appartient également à la famille
des Scalpellidés.
Les anatifes sont présents dans toutes les mers du
globe, principalement dans les mers chaudes. Ce sont des organismes
pélagiques, vivant en haute mer, fixés sur des
objets flottants et même sur certains animaux marins
comme les tortues. Ils se maintiennent, ainsi, proches de
la surface, dans la couche trophique la plus riche.
L’anatife a un pédoncule lisse ou ridé
surmonté d’un structure constituée de
5 plaques blanches simulant une coquille, le capitulum. Les
cirres, structures en forme d’éventail s’échappant
des plaques, favorisent, par leurs mouvements continus, les
échanges respiratoires et les apports de particules
alimentaires nécessaires à la vie de l’animal.
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Les anatifes sont hermaphrodites (chaque individu possède
les 2 sexes), mais il n’y a pas d’auto-fécondation.
En haute mer, les substrats dérivant, permettant la
fixation des larves, sont rares. Afin de pallier cette difficulté,
les anatifes présentent une forte fécondité
(de 7 000 à plus de 300 000 œufs suivant les espèces).
Les œufs sont de petite taille. A l’éclosion,
les larves, nombreuses, sont libérées dans la
masse d’eau ; il existe 6 stades successifs de nauplii.
Elles mènent une vie pélagique avant de se métamorphoser
en cypris, stade larvaire précédant la fixation
(c’est l’étude du stade larvaire des cirripèdes
qui a permis de les rattacher à la classe des crustacés).
La durée de ce dernier stade peut être prolongée
de plusieurs semaines pour permettre aux individus de trouver
un support de fixation adapté. Fréquemment,
les larves se fixent sur les adultes de la même espèce,
formant ainsi de larges colonies en grappe. Ce comportement
favorise la variabilité génétique de
la population ; de plus, la grappe formée constitue
une cible privilégiée pour les colonisations
futures.
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Lors de leur fixation, les larves d’anatifes ont une
taille de 1 à 1,5 mm. Les vitesses de croissance peuvent
être rapides suivant les espèces, de 4 à
5 mm pendant les 5 premiers mois suivant la fixation. De même,
certaines d’entre elles sont sexuellement matures 4
à 5 semaines après leur installation.
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Guy Saillard constatant la présence des parasites
frainant l'avancée de la planche.
Photo Odyssée du Vent (avril 2000). |
Parmi les prédateurs des anatifes, on rencontre certaines
espèces d’oiseaux océaniques comme les
puffins et les pétrels.
Les anatifes sont consommables comme les pouces-pieds mais
sont réputés avoir peu de goût.
Cynthia Venn, de l’Université de Bloomsburg
en Pennsylvanie (USA), a étudié pendant plus
de 10 ans la fixation d’organismes sur des bouées
placées dans l’océan Pacifique entre les
latitudes 8N et 8S et les longitudes 95 W et 180. Elle a déterminé
5 espèces différentes d’anatifes, dont
Lepas hilii, également présente au large du
Pérou. Les populations les plus denses ont été
observées dans la zone équatoriale et dans les
secteurs sud-est du Pacifique. Ni la reproduction, ni la période
de fixation ne semblent avoir de saisonnalité marquée.
Elles sont constantes sur l’année. Par contre,
les phénomènes El Nino/El Nina interfèrent
profondément sur ces mécanismes. Les années
de El Nino sont caractérisées par de faibles
fixations d’anatifes. Par contre, on enregistre des
recrutements importants et des croissances rapides pendant
les années de El Nina.
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La croissance de L. hilii est mal connue. Le plus grand individu
observé par C. Venn (communication personnelle) avait
un capitulum de 60 mm. Son âge n’excédait
pas un an puisque la fréquence d’échantillonnage
était annuelle au cours de ce suivi. D’une façon
générale, la taille de cette structure anatomique
variait entre 35 et 55 mm dans les échantillons récoltés.
Par ailleurs, le pédoncule pouvait atteindre une taille
de plus de 200 mm.
D’après la littérature, ces anatifes
sont matures pour une taille du capitulum d’environ
25 mm.
Précisons pour finir que nous ne sommes pas dans une
année d’El Nino et qu’il est à craindre
que les anatifes ne sévissent tout au long du périple
de Raphaela en se fixant sur sa planche.
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